Céphalées

Les résultats prometteurs des anti-CGRP

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Publié le 20/06/2016
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Entre novembre 2014 et avril 2016, cinq essais cliniques de phase 2, portant sur des anticorps anti-Calcitonin-Gene-Related Polypeptide (CGRP) comme traitements de fond de la migraine, ont été publiés. Ils étaient très attendus des neurologues et pour cause ! « Il n'y avait pas eu d'avancée dans le traitement de fond de la migraine depuis fort longtemps. Cette nouvelle thérapie ciblée, spécifique, est donc porteuse d'espoir. Elle se présente en outre sous une forme injectable, avec la possibilité de traiter à raison d'une seule injection tous les 28 jours, ce qui permet d'obtenir une bonne adhérence au traitement de nos patients migraineux. C'est d'autant plus important qu'étant par ailleurs en bonne santé, souvent jeunes, ils ne sont pas toujours très compliants quand il s'agit de prendre un traitement au quotidien », précise la Dr Donnet.

Quatre anticorps et deux cibles

Ces anticorps anti-CGRP ciblent un neurotransmetteur sécrété au moment de la céphalée : migraine, mais aussi algie vasculaire de la face et névralgie faciale. En effet, le CGRP est un médiateur de l'inflammation au niveau du trijumeau : c'est pourquoi il est spécifique de la céphalée, mais pas uniquement de la céphalée migraineuse. « Les quatre anticorps actuellement développés sont différents et ciblent le ligand pour trois d'entre eux et le récepteur au CGRP pour le quatrième. Il est toutefois encore trop tôt pour dire si l'une de ces deux cibles est plus intéressante que l'autre », précise la Dr Donnet.

Une réponse complète chez un quart des patients 

«Les populations de migraineux jusqu'ici visés par ces cinq essais ont concerné soit des migraineux épisodiques (faisant 3 à 14 crises par mois), soit des migraineux ayant une forme à haute fréquence (9 à 14 jours de migraine par mois) ou encore, une forme chronique : plus de 15 jours par mois depuis plus de trois mois. Or l'efficacité est bonne (y compris pour les migraineux atteints de formes sévères et pour lesquelles on était jusqu'ici plutôt démunis). Cette efficacité se manifeste volontiers dès le premier mois chez les patients répondeurs. Une réduction d'au moins 50 % de la fréquence des crises a été obtenue chez 50 à 65 % des patients. Une réduction de 75 % des crises, chez 31 à 45 % d'entre eux et enfin, ce qui est remarquable, 25 % des patients ont obtenu une réponse à 100 %. À l'avenir, nous aimerions d'ailleurs pouvoir identifier les patients qui seront les meilleurs répondeurs », poursuit la Dr Donnet. Concernant la tolérance à court terme, elle est aussi satisfaisante : les principales plaintes portent sur une rougeur au niveau du site d'injection (locale et transitoire) et sur un taux légèrement accru d'infections ORL.

Devant des résultats aussi prometteurs, des études de phase 3 ont débuté, afin d'évaluer l'efficacité et la tolérance à moyen terme, mais aussi déterminer la dose optimale de ces anticorps actuellement administrés pour un an, à raison d'une injection tous les 28 jours (en plus des autres traitements migraineux de la crise).

D’après un entretien avec la Dr Anne Donnet, CHU Marseille

Dr Nathalie Szapiro

Source : Bilan Spécialiste