Au 20e Congrès de l’ARSEP

Les retombées de la recherche arrivent en clinique

Publié le 12/05/2011
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« NOUS ASSISTONS aujourd’hui aux retombées en clinique des connaissances apportées par la recherche fondamentale », explique le Pr Moreau. Le Congrès va aborder ces thèmes dans lesquels les connaissances ont avancé. Un exemple : les jeunes femmes sont aujourd’hui autorisées à avoir des enfants et à les allaiter. Les études multicentriques internationales nous ont fait comprendre que, certes, un tiers des patientes peuvent faire une poussée après l’accouchement, mais qu’il n’y aura pas de conséquences péjoratives sur l’évolution de la maladie et que l’allaitement peut maintenir l’immunité favorable de la grossesse.

Nous disposons de beaucoup de nouveaux traitements dérivés de la compréhension des mécanismes. On attaque spécifiquement une étape pathologique avec un anticorps monoclonal, comme le natalizumab (contre l’alpha4-integrine) ou l’alamtuzumab (glycoprotéine CD52). Différentes cibles sont identifiées : le récepteur à l’IL2, les lymphocytes T et B.

Les études décryptent l’évolution des lésions de SEP. Leur expression est différente au début de la maladie (lésions inflammatoires plus focales) et lorsque la SEP est évoluée (lésions plus diffuses). L’expression inflammatoire se modifie au fil des années, ce qui peut donner lieu à des stratégies thérapeutiques distinctes aux différentes étapes.

La génétique est un élément d’actualité.

La régulation neuro-inflammatoire qui se modifie entre le début et la fin de la maladie, est sous contrôle entre autres de la génétique. D’ailleurs, la génétique est un élément d’actualité important, avec la mise en évidence de gènes qui participent à la susceptibilité à la maladie, qui interviennent dans la réponse inflammatoire du système nerveux central et les réactions immunitaires, ou qui participent aux processus lésionnels. Le criblage global du génome a montré que cela concerne un nombre réduit de patients, chez qui ces gènes sont identifiés, mais cela peut donner lieu à des pistes thérapeutiques intéressantes.

La quête des biomarqueurs prédictifs du pronostic reste à l’étude. L’analyse du liquide céphalorachidien, essentiel au diagnostic avec les bandes oligoclonales, pourrait comporter des éléments prédictifs d’évolution, si utiles pour introduire un traitement. Des informations récentes sont délivrées par les nouvelles techniques d’IRM pour prédire l’avenir des formes graves ou rassurantes de la SEP. Ce sont des IRM standards auxquelles on ajoute des logiciels (spectro MR, tenseur de diffusion, tractographie) qui permettent de mieux détecter et comprendre les lésions.

Comment stimuler, réveiller?

Les mécanismes de réparation du cerveau sont maintenant mieux appréciés. Certaines lésions de SEP avec des conséquences motrices, visuelles, ou sensitives récupèrent parfois spontanément, grâce à des mécanismes d’auto-réparation parmi lesquels des cellules réparatrices. On s’interroge maintenant : comment stimuler, réveiller, choisir ces 2 à 3 % de cellules capables de réparer les zones abîmées ?

Une grande avancée correspond aux données montrant que les cellules souches mésenchymateuses de la moelle osseuse sont capables d’avoir une action immunomodulatrice efficace et la possibilité de se différencier et de réparer les zones lésées. Les cellules mésenchymateuses semblent de maniement plus facile que d’autres cellules souches.

Enfin, aux traitements à disposition, vont s’ajouter des médicaments actifs sous forme orale (le fingolimode a une AMM européenne et devrait arriver à la fin de l’année), qui vont beaucoup simplifier la vie des malades, même s’ils nécessiteront des surveillances rapprochées.

* Institut des Cordeliers, 15 rue de l’Ecole de Médecine, Paris 75006

Dr BÉATRICE VUAILLE, d’après un entretien avec le Pr Thibault Moreau

Source : Le Quotidien du Médecin: 8961