Négociation sous tension aujourd’hui

Les sages-femmes libérales dénoncent un dialogue de sourds avec la CNAM

Publié le 15/04/2010
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Crédit photo : S TOUBON

APRES AVOIR ORCHESTRÉ en décembre dernier un mouvement de grève des visites à domicile pour protester contre la « paupérisation » de leur profession (médicale), les sages femmes libérales remontent au front, à l’heure de retrouvailles tendues avec l’assurance-maladie (une séance est programmée aujourd’hui à la CNAM qui doit porter notamment sur l’organisation des sorties précoces).

Concrètement, les projets de l’assurance-maladie en matière d’accompagnement du retour à domicile inquiètent les sages-femmes qui redoutent d’être cantonnées dans un rôle de supplétif au sein du système de santé, notamment pour assumer les sorties précoces de la maternité (1). La CNAM estime en effet que la sortie des établissements est insuffisamment organisée et que le recours à l’hospitalisation à domicile (HAD) est excessif. De fait, sur les 525 000 femmes ayant eu un accouchement sans complications en 2008, 7 100 femmes sont suivies en HAD. « On peut s’interroger sur l’utilisation de l’HAD, explique-t-on à la CNAM. Le recours à un mode de suivi aussi intensif, et par conséquent coûteux, lorsque la mère et l’enfant se portent bien n’apparaît pas approprié. » Pour Frédéric van Roekeghem, directeur de l’assurance-maladie, « l’enjeu est d’accompagner la réduction de la durée de séjour grâce à une meilleure mise en relation des équipes soignantes de la maternité et des sages-femmes libérales » pour le suivi à domicile. La caisse a décidé de tester dans quelques maternités, avec le concours de trois caisses (Annecy, Rennes et Versailles), ce service d’accompagnement de retour à domicile par une sage-femme libérale. L’éligibilité est déterminée par les professionnels de la maternité selon des critères médicaux ; les mères volontaires bénéficient d’un suivi personnalisé par une sage-femme libérale de leur choix (la mise en relation étant facilitée par les conseillères de l’assurance-maladie). La caisse veut tirer les enseignements de ces expérimentations avant généralisation et lancer une réflexion parallèle sur la démographie des sages-femmes. Les tarifs ? « Si tout se passe bien, on négociera la suite avec les représentants des sages-femmes », explique, prudent, le directeur de l’assurance-maladie.

Le schéma ne convient pas du tout aux sages-femmes. Elles dénoncent l’absence de toute concertation depuis des mois et redoutent de subir une organisation des sorties précoces aux forceps (un projet thérapeutique qui leur échappe, des intervenants administratifs…). « C’est le dialogue de sourds, juge Catherine de Metz, membre de l’Union nationale et syndicale des sages-femmes (UNSSF). La volonté de la caisse est de nous cantonner dans un entonnoir alors que, en tant que spécialistes de la physiologie, nous réclamons une place dans le premier recours aux soins du pré au post natal. »

Le malaise de ces professionnels de santé la naissance est plus global. Les sages femmes voudraient négocier en préalable (et non aux calendes grecques) une revalorisation de leurs actes (SF, C et CG), discuter des contraintes liées à la permanence des soins, de leur formation continue… « Nous n’avons même pas été consultées dans le cadre de la mission Legmann sur l’exercice libéral », déplore Catherine de Metz, qui n’exclut pas un mouvement unitaire des sages-femmes.

(1) La durée moyenne de séjour constatée en maternité est de 4,3 jours avec des disparités (de 2 à 8 jours).

 CYRILLE DUPUIS

Source : Le Quotidien du Médecin: 8751