Les Seychelles sous voiles

Publié le 09/05/2001

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TOURISME

PAR JACQUES CHAMBAZ

L E vol AF 3862 nage dans le bonheur. Il voltige même au dessus des cumulo-nimbus de l'océan Indien avec une légèreté contagieuse. Comme les bulles du champagne qui pétille dans la cabine du Boeing 767 qui va se poser dans quelques instants sur la piste de l'aéroport de Mahé. Couples radieux, regards échangés, ravissement partagé.

Chacun est venu ici pour une inoubliable lune de miel offerte dans la tiédeur des nuits tropicales. Avec la promesse des images idylliques déversées par les prospectus : plages blanches infinies cachées par des remparts de palmiers, labyrinthes de rochers titanesques usés par les marées, eaux turquoises où sillonnent les poissons-lunes, les capitaines blancs et les gueules-longues.
Les Seychelles tiennent parole. Pas seulement pour convoler en justes noces. Ce paradis s'étend sur un immense territoire maritime et quatre archipels. Au Nord, celui de Mahé et ses îles surs (Praslin, La Digue, Frégate, Silhouette, Cousin, Cousine, Félicité, les Deux-Surs), au Sud, Aldabra, un sanctuaire de vie sauvage, à quelques encablures des Comores et les poussières d'îles des Amirantes et de Farquhar.
Dans ce désert maritime, où sont plantées ici et là des oasis de bonheur, la voile est un délicieux transport de liberté. Mouillage dans l'Anse Volbert, face à l'îlot Saint-Pierre, un écroulement de rochers roses ponctués de cocotiers penchés et de franges de sable blanc. Minuscule comme une île au trésor, Praslin est en face : petits hameaux et plages sauvages. L'île doit sa notoriété aux « cocos d'mer », plus trivialement appelés « cocos-fesses », en raison d'une ressemblance troublante ; réjouissantes fantaisies de la nature, soigneusement gardées dans la célèbre vallée de Mai. Jadis, on attribuait à la chair de ce fruit des propriétés contre les poisons, l'épilepsie et les maladies nerveuses. En tisane, elle a - dit-on - des vertus aphrodisiaques.
Halte à La Digue. On s'y promène exclusivement en char à buf ou à bicyclette. Le bourg a conservé de charmantes cases bariolées et des allées de palmiers sans fin. Dans une jolie maison coloniale de l'Anse Union, on a tourné dans les années soixante-dix « Emmanuelle », film gentiment coquin et exotique. La maison appartient aujourd'hui au président de la République des Seychelles.
Exploration de Curieuse. Des tortues centenaires y coulent des jours heureux, cachées dans un fouillis végétal et des blocs de granit. Elles ont bien failli disparaître ; leur chair était si succulente que les premiers colons en firent des festins sans retenue.
Visite à Mahé, l'île principale. A Bel Ombre, on continue à chercher le trésor du pirate Maurice Le Vasseur dit « La Buse », pendu haut et court à la Réunion sous le règne de Louis XV. Parmi les milliers de bijoux et de pièces d'or volés sur le navire portugais « la Vierge du Cap », la Croix de Goa, sertie de pierres précieuses, était « si lourde que trois hommes forts ne pouvaient la porter ». Victoria conserve ses allures de petite sous-préfecture tropicale. Le marché distille dans un brouhaha créole des parfums de fruits murs et de fleurs sauvages. La cathédrale accueille la foi inébranlable de milliers de chapeaux de pailles et de robes aux couleurs vives.
Ces îles, qui ont été découvertes par l'inévitable Vasco de Gama, étaient déjà connues des Arabes venus d'Oman, et du formidable explorateur, Ibn Battuta. Leur succéderont les pirates de toutes origines : les Français, avec l'illustre Mahé de la Bourdonnais, les Anglais, puis l'indépendance et le coup d'Etat socialiste du président René.
De cette histoire pittoresque est né un peuple aimable ; des Blancs, bretons ou normands, d'anciens esclaves africains, des Chinois, des Malabars et des Tamouls venus des Indes. Cette mosaïque heureuse se décline encore en définitions savoureuses. Ainsi, le « grand blanc » mène grand train et possède belle habitation, tandis que le « blanc coco » a tout perdu et que le « blanc rouillé » laisse tranquillement aller ses affaires à la catastrophe. Quoi qu'il en soit, ce métissage indolent offre, affirme-t-on ici, « les plus belles filles du monde ». Les Seychellois disent de ces beautés quelles sont « juste assez françaises pour avoir une jolie silhouette ; assez anglaises pour avoir de bonnes manières, assez asiatiques pour dégager un soupçon d'exotisme ; et assez africaines pour avoir une nature sauvage »...

TOURISME

Pour partir

TRANSPORTS :
Vols Paris/Mahé sur Air France à partir de 5 440 F A/R (4 vols par semaine : mercredi, jeudi, vendredi et samedi). Durée du vol 9 h 30. Renseignements et réservations : 0802.802.802.
Sur place nombreuses liaisons inter-îles quasi-quotidiennes sur Air Seychelles avec les îles de l'archipel (Alphonse Island, Bird Island, Denis Island, Desroches, Silhouette).
FORMALITES :
Passeport en cours de validité. Pas de visa. Au retour, perception d'une taxe d'aéroport de 40 Usd (300 F).
CLIMAT :
Temps agréable toute l'année (de 25 à 32°). Meilleure période de mai à octobre, climat plus sec et température plus fraîche. Eté austral de décembre à mars.
MONNAIE :
La roupie seychelloise. 1 SCR = 1,20 F. Cartes de crédit acceptées partout.
LANGUES :
Le créole, langue officielle, le français et l'anglais.
DECALAGE HORAIRE :
+ 2 h en été, + 3 h en hiver.
HOTELS :
A Praslin :
- Pour rêver : le « Chauve-Souris Club », sur l'îlot du même nom, planté au beau milieu de l'Anse Volbert. Tél. : (248) 23.22.00. Cinq suites de luxe avec jacuzzi noyées au cur d'une végétation exubérante.
- Pour le calme : le « Château de Feuilles », sur les hauteurs de l'anse Marie-Louise. Tél. : (248) 23.33.16. Jolie architecture à base de granit et de feuilles de latanier. Vue époustouflante sur les îles avoisinantes. Excellent restaurant de fruits de mer.
RESTAURANTS :
- « Les rochers », à Grosse Roche (Praslin). Tél. : (248) 23.30.34. Restaurant les pieds dans l'eau, délicieuse cuisine créole à base de poissons.
- « Marie Antoinette », à Saint-Louis (Mahé). Tél. : (248) 266.222. Excellente table créole dans une jolie case en bois qui remonte à la nuit des temps.
CROISIERES :
Pour les croisières en liberté, Sunsail propose une large gamme de voiliers de location sur sa base de Mahé : monocoques (toute la gamme des Beneteau) et catamarans (« Venezia 42 » et « Bahia 46 »). Prix de location d'un voilier (sans skipper) pour une semaine (environ 8 personnes), entre le 30 juin et le 2 novembre : 18 400 F (« Oceanis 381 ») ; 24 900 F (« Oceanis 461 ») ; 31 400 F (« Venezia 42 »).
Stardust Yacht Charters (Groupe Sunsail) possède également une base à Praslin dans la baie Sainte-Anne (monocoques et catamarans).
A NE PAS MANQUER :
- Une escapade sur l'île d'Aride (d'octobre à avril), terre d'élection du rare gardénia de Wrigth, qui ne pousse nulle par ailleurs, et sanctuaire de milliers d'oiseaux marins (sternes fuligineux, nordis, etc) ; ou à Bird Island et ses trois millions d'oiseaux recensés.
- La vallée de Mai à Praslin, incroyable forêt de cocotiers millénaires dont les fruits, les fameux « cocos de mer » sont uniques au monde (ce qui permet de les vendre à un prix extravagant).
- Quelques jours à Mahé, l'île principale avec sa capitale Victoria, charmante bourgade créole. Voir la « Clock Tower », réplique miniature de celle de Londres, le jardin botanique et le cimetière de Bel Air où reposent côte à côte corsaires et premiers colons.
A LIRE :
- Les Seychelles. Guide Visa Hachette.
- « Les Seychelles à vol d'oiseau », de Claude Pavard, éditions Hoa Qui, illustré de superbes photos aériennes des îles de l'archipel.
RENSEIGNEMENTS :
- Office du tourisme des Seychelles, 32, rue de Ponthieu, 75008 Paris. Tél. : 01.42.89.97.77. Web : http//services.worldnet.net/stoparis.
- Centrale de réservation Sunsail : 2, rue d'Athènes, 75009 Paris. Tél. : 01.44.79.01.10.
- Centrale de réservation Stardust (Groupe Sunsail). Tél. : 01.55.07.15.15.