LE COLLECTIF interassociatif sur la santé (Ciss) a présenté hier sa plateforme de propositions destinée aux candidats à l'Elysée, lors de ses journées organisées avec Sciences-Po Paris.
Le Ciss (1), qui regroupe 24 organisations de patients et d'usagers, considère que le système de soins peut faire beaucoup mieux pour répondre aux cinq priorités qu'il s'est fixées : «Renforcer le combat contre les inégalités», «refonder l'organisation du système», «rénover le financement», «garantir la protection des données de santé personnelles», «parachever la démocratie sanitaire».
Pour les inégalités géographiques et sociales dans l'accès aux soins, le collectif suggère plusieurs pistes. Il faut «mener une politique d'incitation forte d'installation des professionnels de santé dans les régions à faible densité, avec un fléchage géographique régional efficace», estime le Ciss. En outre, le collectif avance l'idée «d'imposer une offre minimale de soins à tarif opposable dans chaque bassin de santé» car, aujourd'hui, «les usagers qui ne peuvent assumer un dépassement d'honoraires sont obligés de faire de nombreux kilomètres pour consulter à tarif opposable».
Critiques du parcours de soins.
Il convient aussi de prévoir «un montant cumulé maximal du reste à charge des assurés pour les soins remboursés par l'assurance-maladie», ajoute le Ciss. Mais il souligne aussi «l'urgence(...) de garantir un revenu de dignité de vie pour pallier les ruptures de revenus dues à la maladie ou au handicap», puisque le faible montant de certaines prestations (indemnités journalières, allocation adulte handicapé, pensions d'invalidité) revient à «condamner le malade à la pauvreté». Le Ciss critique sévèrement la réforme Douste-Blazy de 2004. Loin d'améliorer la qualité de la prise en charge des personnes, «le parcours de soins, tel qu'il a été mis en place, a rendu plus difficile l'accès aux soins», constate la plateforme, si bien que «le résultat de cette réforme serait contraire à son objectif initial». Pour y remédier, le Ciss préconise «une approche globale» fondée sur «un parcours de santé, intégrant prévention et parcours de soins», mais également «une prise en compte de tous les intervenants sans se limiter au seul corps médical». Concernant les personnes atteintes d'une maladie chronique, «il faut sortir de la logique médico-administrative actuelle des protocoles de soins (ALD) pour aller vers des plans personnalisés de santé gagés sur la qualité de la prise en charge», affirme la plateforme. Cela passe notamment par «l'éducation thérapeutique» des malades chroniques.
Les risques d'une « informatisation non maîtrisée ».
La refonte de l'organisation du système de soins doit favoriser, selon le Ciss, «une meilleure coordination de l'offre» et accorder «une place centrale aux critères de qualité». Le collectif déplore en effet que la qualité ne soit pas encore un facteur discriminant. «Aucun hôpital ne s'est vu refuser sa certification, rendant la procédure légèrement “suspecte”. Des améliorations sont certainement possibles, tant dans la procédure et ses résultats que dans l'information des usagers», note-t-il. Quant à la formation médicale continue (FMC) et à l'évaluation des pratiques professionnelles (EPP) des praticiens, elles laissent à désirer. «La réalisation effective de ces obligations se fait lentement et sans sanction en cas de manquement», regrette le Ciss. «La mise en oeuvre des recommandations de bonne pratique reste très marginale dans la population médicale, surtout en cabinet», poursuit le collectif. Il observe «une carence de protocolisation et de standardisation» de la médecine pouvant déboucher sur «une “perte de chance” pour les usagers» atteints d'un cancer par exemple. Quelles que soient les nouvelles ressources évoquées aujourd'hui pour financer le système, elles «ne peuvent avoir de sens que si (elles) sont attribuées en fonction d'engagements sur la qualité».
Par ailleurs, le Ciss tire la sonnette d'alarme face aux risques d'une «informatisation non maîtrisée» des données de santé, au vu de l'évolution du chantier du dossier médical personnel (DMP). Jugeant la Cnil inapte à servir de bouclier, le Ciss pointe «le besoin pressant d'une autorité de régulation des données de santé informatisées (...) , dotée de moyens adéquats et de pouvoirs de sanction adaptés».
Enfin, les patients et les usagers, qui comptent désormais «plus de 15000représentants» dans les établissements et les diverses instances, attendent «des moyens réels et concrets» pour faire vivre la démocratie sanitaire. Reconnus comme acteurs du système depuis les lois de 2002 et 2004, ils ne veulent pas jouer leur rôle qu'à moitié.
(1) http://leciss.org.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature