L'essor de l'IRM cérébrale fœtale, pratiquée dans une dizaine de centres français

Publié le 02/04/2001
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L A grande spécificité de l'IRM dans l'analyse du tissu nerveux en fait un important examen de radiodiagnostic, y compris en anténatal. In utero, le recours à l'IRM est justifié dans deux types de cas. Tout d'abord, pour explorer une malformation cérébrale dépistée à l'échographie. L'IRM permet d'en affirmer le caractère isolé (40 % des lésions associées aux dilatations ventriculaires non dépistées à l'échographie le sont à l'IRM) et d'étudier des zones difficilement accessibles aux ultrasons (fosse postérieure). Ensuite, on la pratique pour dépister d'éventuelles lésions cérébrales, non vues à l'échographie mais s'inscrivant dans le cadre de pathologies générales. C'est le cas de la sclérose tubéreuse de Bourneville, des lissencéphalies ou encore des séroconversions maternelles.

Un intérêt pronostique majeur

L'IRM présente un intérêt pronostique majeur dans le dépistage des malformations cérébrales, notamment en cas de doute. En fournissant des résultats précis, elle permet d'évoquer un diagnostic fiable lors du conseil prénatal (rappelons que celui-ci peut aboutir à la réalisation d'une interruption médicale de grossesse). En cas de poursuite de la grossesse, les clichés constituent par la suite une référence indispensable au suivi postnatal.
Une seule IRM est en moyenne réalisée in utero, le suivi des lésions dépistées étant échographique.
L'IRM est essentiellement réalisée après 25 semaines d'aménorrhée (SA), l'exploration avant ce terme étant quasi exclusivement échographique. Toutefois, la période idéale de réalisation se situe vers 30/32 SA. Elle nécessite une bonne connaissance de l'anatomie cérébrale fœtale. Sa méthodologie est bien codifiée. Une prémédication administrée à la mère est en général nécessaire en cas de fœtus jeune (< 28 SA), d'exploration de la substance blanche (mode T1) ou de présentation par le siège. Elle améliore la qualité des images. Le flunitrazépam, molécule non dangereuse pour le fœtus, est utilisé. Le gadolinium est, bien entendu, proscrit.
Plusieurs études ont établi l'innocuité de cet examen dans cette indication. Le seul point en suspens est un éventuel effet délétère du bruit sur le fœtus qui n'a pu être quantifié. Cependant, aucune conséquence auditive n'a jusqu'alors été constatée.

L'échographie reste l'examen de référence

L'IRM cérébrale anténatale présente donc un grand intérêt dans le dépistage des malformations cérébrales. Elle ne remplace cependant pas l'échographie, qui demeure l'examen de référence du suivi fœtal. Ses indications sont précises et doivent être discutées avec le radiologue.
En France, seuls une dizaine de centres la pratiquent.

29e Congrès de la société française de neuroradiologie.
D'après les interventions des Pr C. Aamsbaum (Paris), N. GIRARD (Marseille) et Dr M.-L. MOUTARD (Paris).

Suivi postnatal : une bonne concordance radioclinique

Deux études de suivi postnatal des malformations cérébrales dépistées in utero sont en cours à Paris. La première concerne 18 enfants porteurs d'une agénésie isolée du corps calleux, partielle (7 cas) ou complète (11 cas). Les résultats à quatre ans démontrent un développement psychomoteur normal, un plus grand nombre des crises convulsives fébriles et une fréquence accrue de troubles du comportement (attention, articulation, praxies), pouvant nécessiter une rééducation orthophonique.
La seconde porte sur les dilatations ventriculaires modérées. Leur évolution semble favorable dans 90 % des cas.
Le nombre restreint d'enfants, le faible recul et les difficultés de suivi rencontrées font cependant réserver aux auteurs leurs conclusions définitives.

Dr Emmanuelle BOCANDÉ CHEVALIER

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6890