Limiter le nombre de consultations, pour ou contre ? Deux GPs avancent leurs arguments dans le BMJ

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Publié le 11/05/2018
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Crédit photo : BURGER/PHANIE

Limiter le nombre de consultations en médecine générale ou pas ? Telle est la question posée cette semaine par le British Medical Journal à deux omnipraticiens britanniques. Récemment, la British Medical Association a proposé cette solution afin d’éviter aux praticiens du Royaume-Uni des charges de travail qui pourraient être dangereuses, pour leurs patients comme pour eux.

« Je ne suis pas prête à mourir pour le NHS »

À Londres, le Dr Laurence Buckman valide cette piste, en excluant les urgences justifiées. « Ma journée type de travail dure entre 12 et 14 heures », note-t-elle. Pour cette généraliste, le temps est venu d’informer les patients de la dangerosité à consulter un médecin qui, notamment en raison de la fatigue accumulée au fil des consultations, ne pourrait plus remplir sa mission dans des conditions optimales. « Un généraliste fatigué peut nuire à la santé de son patient, ainsi que la sienne, avec des pathologies liées au stress. Je ne suis pas prête à mourir pour le NHS (National Health Service) », souligne-t-elle.

De l’autre côté de la Manche, avec la fixation d’objectifs quantitatifs par le NHS aux médecins liés au service public, les consultations durent rarement plus de dix minutes. « Nous devons arrêter de tenter de faire tout ce qui doit être fait pour le patient en moins de dix minutes. Il faut cesser de prétendre que nous pouvons recevoir un nombre illimité de personnes possiblement malades sans répit », clame le Dr Buckman. Et la généraliste de désigner la gestion de l’administratif comme l’une des principales responsables de la situation.

Pour cette omnipraticienne, savoir limiter sa charge de travail est un signe de professionnalisme.

« Je pourrais être contraint de poursuivre ma journée »

« Ce n’est pas la bonne solution », estime son contradicteur dans ce face-à-face, le Dr Michael Griffiths. Pour ce médecin de famille gallois, ce n’est pas le volume quotidien de consultations qui est en cause, mais celui des ressources financières allouées aux soins primaires.

« La médecine générale est un conte de l’inattendu », s'émerveille le Dr Griffiths. À chaque jour sa vérité, donc. « Je peux voir 20 à 30 patients victimes d’une rhinopharyngite ou d'une bronchite et être prêt à en voir d'autres », développe le généraliste. À l’inverse, un confrère peut être amené à enchaîner dix consultations émotionnellement éprouvantes. « Je pourrais alors avoir le sentiment qu’il est dangereux pour moi de continuer ma journée mais être contraint de le faire », expose le Gallois.

Le Dr Griffiths va même plus loin et prend l’exemple d’un patient dépressif qui ne serait pas admis par un médecin : « En admettant que la limitation soit de 30 consultations par jour, que se passe-t-il si le 31e patient est dépressif et que mon refus le contrarie au point qu’il tente de se suicider ? »

« Nous n’avons pas besoin d’une limite arbitraire », assène le Dr Griffiths. « Ce dont nous avons besoin est que la NHS accorde une plus grande part de ses ressources aux soins primaires, afin de gérer nos cabinets sereinement et de permettre à chaque personne de se consacrer à ses patients sans être épuisée à la fin de la journée », conclut-il.

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Source : lequotidiendumedecin.fr