L'asthme chez l’adolescent

L’importance du projet thérapeutique

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Publié le 02/05/2017
Grand témoin pneumo

Grand témoin pneumo
Crédit photo : DR

L’adolescence entraîne des changements profonds et cette période de rébellion contre la famille, la société, la maladie… rend la prise en charge de l’asthme (comme pour toute autre maladie chronique) difficile.

L’observance sera meilleure si l’asthme a été diagnostiqué dans l’enfance car l’enfant a déjà alors acquis certains automatismes. « En revanche lorsque l’asthme est découvert à l’adolescence, cela est très difficile car on a souvent à faire aux formes les plus sévères qui persistent et qui sont associées à des allergies. De plus, à cet âge-là, les épisodes aigus sont moins fréquents et moins dramatiques. Le ressenti de la maladie est donc différent. L’adolescent s’adapte à une fonction respiratoire moins bonne… », explique la Pr Jocelyne Just (hôpital Trousseau, présidente de la Société française d’allergologie).

En réalité, à l’adolescence, il n’existe qu’un petit nombre d’asthmatiques qui rentrent en rémission : ceux qui souffrent d’asthme viro-induit.

Un traitement personnalisé en fonction du phénotype

L’observance au traitement de fond sera meilleure si le système d’inhalation est adapté et facile à utiliser. « La coordination main-poumon est généralement acquise. Néanmoins, on prescrit plutôt une poudre à inhaler et un système autodéclencheur plus facile à utiliser qu’un spray. Pour les formes sévères allergiques, non contrôlées, on a recours aux nébulisations et aux biothérapies (anti-IgE) », souligne la Pr Jocelyne Just. Le traitement est personnalisé en fonction du phénotype de l’asthme.

Chez les adolescents qui présentent un asthme allergique modéré, contrôlé sous traitement avec un allergène principal connu, il est possible d’associer une désensibilisation aux pollens ou aux acariens qui permettra encore, à cet âge-là, de modifier l’histoire naturelle de la maladie.

« Il ne faut pas oublier que les facteurs allergiques dans l’asthme sont aujourd’hui très importants. L’allergie alimentaire associée devient de plus en plus fréquente (allergie croisée pollens/fruits). Toutes ces maladies peuvent s’aggraver », déclare la Pr Just.

Motiver l’adolescent

Pour améliorer l’observance au traitement, il faut motiver l’adolescent asthmatique pour qu’il devienne acteur de sa maladie, c’est-à-dire lui apprendre à dominer sa maladie plutôt qu’à la subir.

Il faut arriver à adapter le traitement à ses capacités et avoir un discours d’avenir : lui expliquer, par exemple, que grâce à ce traitement, on va pouvoir faire une désensibilisation ou une immunothérapie… « Donner un projet à moyen terme sur l’évolution de la maladie améliore l’observance », ajoute la Pr Jocelyne Just.

L’éducation thérapeutique est indispensable pour acquérir une autonomie la plus satisfaisante possible.

En relais de l’éducation délivrée en individuel lors de la consultation, le recours à des structures collectives telles que les écoles de l’asthme est très profitable. Il se crée une dynamique de groupe qui encourage les adolescents à parler librement de tout. Le jeu comme outil pédagogique s’avère adapté aux adolescents et efficace. 

Entretien avec la Pr Jocelyne Just (hôpital Trousseau, présidente de la Société française d’allergologie)

Christine Fallet

Source : lequotidiendumedecin.fr