Alimentation des petits

L’importance d’un lait approprié

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Publié le 05/04/2018
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lait bebe

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Crédit photo : PHANIE

Constipation, régurgitations, enfants non rassasiés, coliques… Jouer sur la composition du lait peut améliorer ces petits troubles fonctionnels digestifs.

« En cas de régurgitation, le lait peut être épaissi en remplaçant une partie des glucides par de l’amidon ou en ajoutant un gélifiant (graine de caroube). Les laits « à formule épaissie » contiennent jusqu’à 2 g d’amidon/100 ml. Des laits « anti-régurgitation » dits AR, uniquement vendus en pharmacie peuvent contenir plus de 2 g d’amidon/100 ml (mais l’amidon peut constiper). Les laits AR épaissis à la caroube, rendent les selles plus fluides (mais provoquent chez certains enfants des coliques et un excès de gaz). Des laits AR mixtes (caroube et amidon) peuvent être la solution » explique le Dr Bocquet, pédiatre à Besançon, responsable du groupe nutrition de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA) et du site www.mpedia.fr.

En cas de constipation, la 1re solution est de limiter la caséine (C) (elle constipe tandis que les protéines solubles (PS) accélèrent le transit). Les laits infantiles contiennent de 0 à 90 % de C. Le rapport C/PS du lait vache est de 80/20, celui du lait de femme de 40/60. La 2e solution est d’éviter l’amidon et d’augmenter le pourcentage de lactose (qui accélère le transit) Le lactose peut représenter de 0 à 100 % du total des glucides mais un excès de lactose peut entraîner des selles liquides, des ballonnements, et des gaz. Chez l’enfant non rassasié, privilégier la caséine, la dextrine maltose, l’amidon et limiter le lactose.

En cas de coliques si l’enfant ne digère pas bien le lactose, choisir un lait contenant moins de lactose.

Préférer le lait de croissance (LC)

La Société française de pédiatrie et le PNNS recommandent le LC de l’âge de 10-12 mois jusqu’à 3 ans. Mieux adapté aux besoins de l’enfant que le lait de vache, il apporte 3 fois plus de fer (nécessaire au développement cérébral, à l’érythropoïèse et aux défenses immunitaires), 2 fois plus de zinc, davantage d’acides gras essentiels et de vitamines, 2 à 3 fois moins de protéines, et de sel. Sur les 65 références de LC, il faut préférer les laits contenant < 1,8 gramme de protéines, > 1,1 mg de fer, < 31 mg de sodium, > 2, 8 gr de lipides. « Les lipides sont nécessaires au développement cérébral, et les apports lipidiques des nourrissons sont insuffisants car les mères ont peur des matières grasses… C’est l’excès de protéines qui expose à la surcharge pondérale et les enfants français en ingèrent 4 fois plus que recommandé », souligne le Dr Bocquet.

La directive européenne 2009/39 imposait que les LC aient une formule proche de celle des laits de suite (1). Elle a été abrogée. « L’arrêté de 1978 (2) préserve un cadre réglementaire en France mais doit être consolidé juridiquement. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes s’y emploie avec l’AFPA », précise le Dr Bocquet. Enfin, l’Anses avait alerté les parents (3) sur les jus végétaux improprement dénommés « laits » (d’amande, coco, soja, riz, avoine…) : "ces produits ne doivent pas être utilisés, même à titre partiel, chez l’enfant de moins de 1 an car ils sont responsables de dénutritions sévères". La Cour européenne de justice le 14 juin 2017 a réservé les dénominations « laits », « crème », « beurre », « yaourts », aux produits d’origine animale (4).

(1)http://eurlex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.douri=OJ:L:2009:124:0021:…
(2) https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT00000045…
(3) https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2011sa0261.pdf 
(4) https://curia.europa.eu/jcms/upload/docs/application/pdf/2017-06/cp1700…

Dr Sophie Parienté

Source : Le Quotidien du médecin: 9654