«LA PRISE en charge d'une insémination intra-utérine doit être plus rapide chez les couples infertiles», résumele Dr Joëlle Bellaisch-Allart, (hôpital de Sèvres), face à la difficulté de l'insémination artificielle. Mais cette difficulté engendre aujourd'hui deux questions majeures : «L'insémination artificielle est-elle un succès par rapport à la fécondation in vitro et celle-ci est-elle d'actualité à l'ère de la grossesse unique?»
Pour la période 2005, 57 777 inséminations ont été faites avec un taux d'accouchements de 8,8 %. Le désir d'enfant continue à augmenter pour se situer à 28 ans, mais on assiste à plusieurs phénomènes sociaux qui retardent la grossesse : la maîtrise de la contraception, les carrières des femmes et la volonté des couples de vivre par eux-mêmes avant d'avoir un enfant. On arrive en moyenne, à 35 ans pour envisager la procréation, âge qui diminue le taux de succès d'une grossesse. Il faut donc envisager une insémination artificielle très tôt avant d'envisager une FIV/ICSI.
En ce qui concerne le risque de grossesse gémellaire, l'agence de biomédecine en rapporte 5,6 % dans le cas de stimulation ovarienne, contre 72 % dans le cadre de la FIV/ICSI. L'insémination artificielle garde donc encore sa place dans la mesure où elle est plus légère que la FIV, une ponction n'étant pas utile, et que son coût est de 500 euros contre 2 500 euros pour la FIV.
Un an de rapports réguliers.
Le Pr Paul Barrière (biologie de la reproduction, CHU de Nantes) brosse le bilan d'infertilité nécessaire à la pratique de l'insémination artificielle. Celle-ci est régie par les règles très strictes de la loi du 6 août 2004. Elle ne l'autorise que dans le cas : d'un couple hétérosexuel, les deux membres étant en vie, mariés ou justifiant de deux ans de vie commune. De plus, les recommandations médicales opposables parues au « Journal officiel » d'août 1998 exigent un an de rapports réguliers pour déterminer s'il y a infertilité ou non. Selon le Pr Barrière, «l'insémination artificielle ne doit pas être banalisée. En pratique, il est nécessaire de passer à une réflexion après trois cycles sans grossesse». En effet, l'infertilité doit tenir compte de différentes possibilités : une dysovulation ; l'identification d'une insuffisance ovarienne prématurée ; l'âge de la femme sachant que plus il avance, plus les chances de succès s'amenuisent ; l'infertilité masculine.
Le Pr Renato Fanchin (Inserm U782, hôpital Béclère, Clamart) a dressé les modalités de déclenchement d'une insémination artificielle et a résumé les travaux de recherche en cours. Les nouvelles recherches se fondent, pour l'Inserm, sur la taille et le volume folliculaire. Il semblerait qu'il n'y ait pas de rapport entre la taille et le volume folliculaire (1), mais la littérature est floue pour déterminer le meilleur rapport permettant d'obtenir un taux de fécondation maximale. Une mesure automatique du follicule est nécessaire mais elle est imparfaite. Il semblerait que la taille moyenne de 16 à 18 ml, avec un taux de réponse de 68,8 %, serait le meilleur taux de réussite (2). Il faut également tenir compte du risque de grossesse multiple. Il existe si la taille du follicule est de 16 ml, mais également si elle est inférieure.
Une étude multicentrique en cours.
En conclusion, l'obstacle est d'obtenir la taille exacte du follicule pour déterminer les meilleures chances de succès. Une étude multicentrique, en partenariat avec le Laboratoire Ferring, est en cours pour déterminer comment mesurer la taille folliculaire réelle afin d'optimiser les chances de réussite d'une insémination artificielle.
(1) Wittmak et al., « Fertil Steril », 1994.
(2) Ectors et al., « Hum Reprod », 1995.
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