Certificat médical et pratique sportive

L'occasion de dépister certaines anomalies

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Publié le 16/06/2016
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Crédit photo : PHANIE

« Je crois que la ministre Valérie Fourneyron a un peu cédé aux sirènes « du sport pour tous » mais pas dans le bon sens. C’est une bonne chose, bien sûr, de développer la pratique sportive. Mais je ne pense pas que cela devait passer par la suppression du certificat médical pour les jeunes qui souhaitent s'inscrire dans une association sportive scolaire », indique le Dr Alain Ducardonnet, cardiologue du sport à l’Institut cœur effort santé à Paris.

Ce dernier fait référence à une mesure votée dans le cadre de la loi santé à l’initiative de Valérie Fourneyron, l’ancienne ministre des sports. Celle-ci a souhaité que soit supprimé le caractère obligatoire du certificat médical demandé aux jeunes pratiquant une activité sportive au collège ou au lycée en dehors des heures d’éducation physique et sportive (EPS) inscrites à l’emploi du temps. Cette mesure a été prise avec une volonté de simplification et de développement de la pratique sportive pour le plus grand nombre.

« L’exigence de ce certificat de non contre-indication constituait d’ailleurs une formalité administrative souvent mal ressentie par les parents. Elle était donc surtout un frein au développement de la pratique sportive, compte tenu du coût qu’elle pouvait représenter pour les familles (…) notamment en présence de plusieurs enfants », indiquait en février l’Union nationale du sport scolaire (UNSS), favorable à la mesure votée.

Pour le Dr Ducardonnet, ce certificat n’était pas une simple formalité. « Il a pu exister une époque où ce certificat était fait à la va-vite, sur un coin de table, indique-t-il. Mais c’est beaucoup moins le cas aujourd’hui. Plusieurs affaires de responsabilités médico-légales ont contribué à sensibiliser les généralistes sur ce point. Ce certificat était l’occasion pour ces jeunes de voir un médecin, de parler de leur pratique sportive, de signaler un éventuel problème. Et cette visite pouvait permettre de détecter certaines anomalies ».

ECG tous les 3 ans entre 12 et 20 ans 

Pour le reste, le Dr Ducardonnet souligne l’importance du bilan cardiologique réalisé lors d’une visite de non contre-indication à la pratique du sport entre 12 et 35 ans et au-delà. « La puissance de dépistage de l’ECG est très bonne et très utile pour prévenir un certain nombre de morts subites liées à la pratique physique et sportive. C’est ce qu’a montré l’étude menée par le Pr Corrado en Italie où tous les certificats doivent être signés par un médecin du sport. Cette mesure a fait chuter de manière importante le nombre de morts subites », indique le Dr Ducardonnet.

En 2005, un consensus d’experts européens a recommandé la réalisation d’un ECG de repos, à répéter tous les deux ans, pour tout demandeur d’une licence sportive de compétition entre 12 et 35 ans. « Ces recommandations ont ensuite été un peu modulées par le groupe d’experts du GERS de la Société française de cardiologie. Celui-ci préconise un ECG au départ pour tout sujet de 12 à 35 ans, pratiquant une activité sportive de compétition. Ensuite, le GERS recommande un ECG tous les trois ans entre 12 et 20 ans, une tranche d’âge où cet examen peut être très utile pour détecter certaines pathologies d’origine génétique, comme des canalopathies ou des cardiopathies hypertrophiques. Il est rare chez un jeune qu’une cardiopathie hypertrophique ne donne aucun signe électrique », indique le Dr Ducardonnet, en ajoutant que le GERS préconise un ECG tous les cinq ans entre 20 et 35 ans.

Ces ECG ne sont certes pas pris en charge par l’Assurance-maladie. « Mais c’est une dépense qui concerne quelque chose d’utile. Et cela est accessible à un grand nombre de gens qui dépensent souvent des sommes importantes en équipement sportif. Une consultation à 23 € ne pèse pas très lourd à côté d’une paire de baskets de grande marque », souligne le Dr Ducardonnnet.

D’après un entretien avec le Dr Alain Ducardonnet, cardiologue du sport à l’Institut cœur effort santé (Paris)

Antoine Dalat

Source : Bilan Spécialiste