Dans son récent ouvrage sur La Goutte et le rhumatisme, notre distingué confrère, le Dr Armand Delpeuch, a parlé d'un certain Hérodicus, à la fois philosophe et maître de gymnastique, à qui on aurait attribué, à tort, un Traité du régime, dont l'auteur réel serait Héraclite ou, pour le moins, un de ses disciples.
Quoi qu'il en soit, le Traité du régime se termine par l'étude des cas où « les exercices surmontent les aliments », c'est-à-dire des cas de fatigue, d'épuisement, de surmenage. Les dernières lignes du livre résument la médication à instituer : « Il convient de prendre des bains chauds, de coucher sur un lit mou, de s'enivrer une ou deux fois, mais sans aller trop loin, de faire l'amour à l'occasion, de suspendre les exercices, à l'exception des promenades ». Cette simple phrase, où l'auteur conseille, pour des cas déterminés, à titre de médication occasionnelle, qu'on ne répétera pas plus de deux fois l'usage des boissons fermentées porté jusqu'à l'ivresse, a eu une fortune singulière : elle a fait accuser Hippocrate, bien innocent en l'espèce, d'avoir recommandé en tout temps, comme une chose profitable de s'enivrer une ou deux fois par mois. Ni Hippocrate ni l'auteur du Régime lui-même n'ont eu semblable pensée. Ce régime, trop sensuel à tous égards, nous ramène à Héraclite qui aurait, au dire de Jamblique, considéré les orgies bacchiques comme des remèdes. Il serait piquant de rejeter sur le sombre philosophe d'Éphèse la paternité du joyeux conseil tant reproché à Hippocrate.
Ne pourrait-on, en tout cas - c'est une hypothèse que nous ne hasardons qu'avec prudence - voir, dans le passage de l'auteur ancien cité par M. Delpeuch, la consécration, pour ainsi parler, de la légitimité des banquets médicaux ?
(La Chronique médicale, 1900)
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature