De notre correspondant
L' INITIATIVE prise par les chercheurs du Michigan, avec à leur tête le Dr Laura Kaiser, de l'université de l'Etat, s'explique par le fait que, s'il est largement reconnu que les patients se sentent mieux en compagnie des animaux domestiques, il n'existe aucune donnée scientifique pour pouver que la présence de ces animaux a une vertu thérapeutique.
De sorte que, explique Laura Kaiser, qui est à la fois médecin, infirmière et vétérinaire, on peut raconter des milliers d'anecdotes relatives à des patients qu'améliore l'amour des bêtes, mais en réalité, on ne sait pratiquement rien sur le sujet. D'où la Human Animal Bond Initiative, à laquelle vont être associés plusieurs experts appartenant à diverses disciplines scientifiques (médecins, infirmières, vétérinaires, psychologues, associations) qui étudieront les interactions entre les patients et leurs animaux de compagnie.
Un courant afectif
L'ambition du Dr Kaiser est de produire des données à partir desquelles on pourra inclure ultérieurement les animaux domestiques dans les protocoles thérapeutiques. « Ce à quoi nous assistons dans les foyers, cette complicité, ce courant affectif entre les chats ou les chiens et leurs maîtres, pourrait être alors transposé dans les hôpitaux et les maisons pour personnes âgées, explique-t-elle au « Quotidien ». Nous devrions finir notre étude dans environ un an, pour un coût de 100 000 dollars (700 000 F) qui seront financés par l'université ou toute société privée désireuse de s'engager dans notre initiative. »
Mais quelles données scientifiques les chercheurs vont-ils recueillir ? Le Dr Kaiser fera procéder à des mesures du pouls et de la tension des patients lorsqu'ils sont en présence de leurs animaux, elle fera remplir des questionnaires aux malades et surtout recueillera les mesures d'évaluation physique chez des patients avant qu'ils ne possèdent un animal et après, de façon à pouvoir comparer les paramètres.
L'étude tentera également de dire pourquoi une telle amélioration se produit. L'une des collaboratrices du Dr Kaiser, Linda Spence, une infirmière, a sa propre idée sur la question. « Les animaux présentent cet avantage irremplaçable de ne jamais porter de jugement sur leur maître, de ne jamais le critiquer, de ne jamais entrer en conflit avec lui et de l'aimer seulement parce que c'est leur maître. »
« Prescrire » un chat
Cependant, rappelle le Dr Kaiser, beaucoup de médecins restent très sceptiques quant à l'influence thérapeutique des animaux domestiques ; et s'ils peuvent concevoir des chats à la maison, ils sont franchement hostiles à l'idée de faire venir dans les hôpitaux des animaux qui peuvent transporter leurs propres germes ou leurs propres maladies. « C'est pourquoi on ne pourra les convaincre qu'avec de solides évaluations chiffrées. Il n'est pas non plus impossible que nous parvenions, dans le cadre de l'étude, à attribuer à certains animaux des vertus que d'autres n'ont pas et, en conséquence,que nous offrions au praticien la possibilité de "prescrire" un chat plutôt qu'un chien, ou un perroquet plutôt qu'un poisson rouge, selon l'âge du patient et selon l'affection dont il souffre. »
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