RIEN À REDIRE à cela si ce n’est que les médecins doivent éviter de devenir ami de leur patient lorsque ceux-ci les sollicitent. Après avoir mené deux enquêtes sur l’utilisation de Facebook dans le milieu médical, le Dr Ghassan Moubarak, 30 ans, cardiologue à l’hôpital Saint-Joseph à Paris, recommande à ses confrères de « ne pas accepter un patient comme ami » car « ça perturbe vraiment la relation avec le médecin ».
Le problème risque en effet de se poser de plus en plus. C’est un article, publié en août 2009, dans le « New England Journal of Medicine » qui a donné au Dr Moubarak l’idée de se pencher sur le phénomène Facebook (500 millions d’utilisateurs dans le monde) dans le milieu médical. Le Dr Sachin Jain, en poste près de Boston, y racontait comment, en deuxième année d’internat, il avait reçu une « demande d’ajout à la liste d’amis » de la part d’une dame à l’accouchement de laquelle il avait assisté trois ans auparavant comme étudiant. Et comment piqué par la curiosité, il avait cliqué sur « confirmer », en se rendant compte aussitôt, avec une certaine angoisse, qu’il la faisait entrer dans sa vie personnelle, lui donnant accès à son réseau d’amis et à bien d’autres choses… Le médecin indique dans le même article que plusieurs facultés de médecine (Harvard Medical School, Drexel University college of medicine) ont alerté les étudiants sur les réseaux sociaux en leur rappelant qu’ils ne doivent pas y donner une mauvaise image de la profession médicale.
« Je venais de m’inscrire sur Facebook et je me suis demandé comment j’aurai réagi ,» dit le Dr Moubarak qui a mené l’enquête d’abord auprès des étudiants en médecine de Paris-VI : « Ils étaient inscrits sur Facebook à 90 %. » Puis en octobre 2009 auprès de 405 internes et chefs de clinique du CHU de Rouen. Les résultats viennent d’être mis en ligne sur le site du « Journal of Medical Ethics » : 73 % ont déclaré avoir un profil Facebook et les plus jeunes étaient inscrits plus fréquemment, précise le Dr Moubarak; 99 % étaient inscrits sous leur nom véritable, 97 % avaient donné leur date de naissance et 91 % leur photo d’identité. Bref, ils étaient parfaitement identifiables. Majoritairement pour la confidentialité et la protection des données en théorie, très peu d’entre eux connaissaient en fait les paramètres de sécurité par défaut de Facebook et la possibilité de les modifier. « Sur Facebook, les règles de confidentialité changent souvent et il faut modifier son profil en conséquence », rappelle le Dr Moubarak dont le profil est fermé. La plupart des jeunes médecins utilisateurs du réseau (85 %) ont déclaré qu’ils refuseraient systématiquement les demandes de patients pour devenir leur ami. Mais 15 % ont déclaré envisager cette possibilité au cas par cas. « Quand on est inscrit depuis peu, on a envie d’avoir beaucoup d’amis et on n’est pas très regardant, c’est un danger potentiel », souligne le Dr Moubarak
Peut-être aussi un médecin ou un futur médecin devra-t-il avoir plusieurs profils, s’il veut partager certaines informations avec ses patients.
*Etude réalisée en Juin 2010 sur 2230 personnes pour le CGIET et l’ARCEP
lequotidiendumedecin.fr, le 17/12/2010
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