Il avait découvert le sommeil paradoxal. C'était il y a 58 ans. Avant cela, on pensait que le cerveau ne fonctionnait que sur deux modes : éveil ou sommeil. Une approche binaire que le neurobiologiste Michel Jouvet, mort cette semaine à 91 ans, était venu torpiller, ouvrant la porte à un troisième monde.
En 2014, le chercheur se souvenait, dans les colonnes du « Point », de ses expériences sur l'activité cérébrale du chat durant l'éveil et le sommeil : « Je me suis rapidement rendu compte qu'il y avait, à côté des phases de sommeil dit lent (déjà décrit), des périodes d'activité rapide qui ressemblaient à l'éveil alors que l'animal ne semblait pas éveillé » ; un état accompagné toutefois d'une absence de tonus musculaire : « C'était donc différent de l'éveil, malgré la présence de mouvements oculaires. C'est pourquoi j'ai parlé de sommeil paradoxal. Et on s'est très vite aperçu que cela correspondait au moment des rêves. » C'est Michel Jouvet qui établit la classification sommeil lent (« télencéphalique ») / sommeil paradoxal (« rhombencéphalique », durant lequel sont enregistrés des mouvements oculaires rapides – d'où sa transcription « REM-sleep », REM pour rapid eye movements).
Dans un registre moins onirique, Michel Jouvet fut également l'un des scientifiques à l'origine du concept de « mort cérébrale », dont il décrivit les signes électroencéphalographiques en 1959.
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