EN 2009, la Société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR) et la Société de réanimation de langue française (SRLF) avaient organisé conjointement une conférence de consensus sur le thème « Mieux vivre la réanimation ». « L’élaboration de ce référentiel a constitué une étape importante dans l’histoire de la spécialité », rapporte le Pr Marc Leone, membre du comité d’organisation.
Cinq points.
Les barrières au « mieux vivre » la réanimation, pour les patients (bruit, lumière, douleur, inconfort physique...), pour les familles (anxiété, restriction dans les horaires de visite, incompréhension du diagnostic, perte de contact avec le proche...) mais aussi pour les soignants (stress, voire épuisement professionnel, problèmes de communication, conflits.... ).
Les moyens pour améliorer l’environnement : réduction du niveau sonore, alternance de période de jour (lumière) et de nuit (pénombre), personnalisation de la chambre (photographies ou objets personnels, espaces de rangement...), organisation des soins, accueil de la famille. « Désormais, la plupart des unités tendent à ouvrir les portes de la réanimation aux familles 24 heures/24, en réservant bien sûr des périodes pour les soins. Ceci permet aux proches de rester près du patient, c’est vraiment un progrès indéniable », se félicite le Pr Leone. Le fait de rentrer dans l’unité en civil, après une simple friction hydro-alcoolique des mains, participe à la dédramatisation.
De gros efforts ont également été réalisés pour réduire le bruit, en particulier des alarmes, et la lumière, afin de constituer un cocon pour le patient.
La troisième question de la conférence de consensus portait sur les soins permettant de mieux vivre en réanimation: prise en charge de l’anxiété et de la douleur, respect de l’intimité, kinésithérapie et réhabilitation précoce, massages, musique, hydratation....
Le quatrième point portait sur le développement de stratégies de communication, des soignants vers le patient et vers la famille, mais aussi entre soignants. « Il est essentiel de former les soignants à communiquer avec la famille, qui doit parfois être éduquée afin qu’elle ne se substitue pas aux soignants, notamment en étant parfois trop intrusive dans les soins », souligne le Pr Leone. Le contexte socio-culturel doit naturellement être pris en compte. L’éducation porte aussi sur le langage utilisé entre soignants ou avec le patient, car chaque mot peut être interprété de façon polyvalente. Un travail dans ce sens a notamment été réalisé à l’hôpital Saint-Louis à Paris, afin de recourir à des locutions positives et non pas négatives. Par exemple « je vais aspirer vos sécrétions » est préférable à « je vais vous aspirer ».
La personnalisation du processus décisionnel.
« L’impact du référentiel n’a pas encore fait l’objet de mesures au niveau national, expose le Pr Leone. Mais certains constats peuvent être faits. Par exemple, l’accueil des familles 24 heures/24 demande beaucoup d’engagement de la part des équipes soignantes et peut initialement être un facteur de stress supplémentaire. Mais avec le temps et l’expérience, les bénéfices de cette mesure sont palpables. D’ailleurs, certaines enquêtes montrent que le temps passé par les familles dans l’unité n’est pas plus élevé, voire moindre ».
De grands progrès ont également été réalisés en matière de communication. Avec le patient, qui a besoin d’être accompagné y compris lors de la sortie de l’unité au risque d’avoir un sentiment d’abandon. Avec les proches, et ce d’autant plus que souvent le patient n’est pas compétent (coma, sédation). La notion de personne de confiance, de référent, émerge peu à peu en France.
« Grâce à cette conférence de consensus, les réanimateurs sont à la pointe de la communication avec les familles. Des stratégies de communication ont été mises en place dans de nombreuses unités; elles pourraient servir de modèle pour d’autres services », estime le Pr Leone.
Le thème du « Mieux vivre la réanimation » a été choisi lors du dernier congrès de la SFAR pour la session de Développement professionnel continu (DPC).
Un outil d’évaluation clé en main est accessible sur le site du CFAR (Collège français des anesthésistes réanimateurs). Il comporte trois étapes : évaluation des pratiques, implementation des actions et enfin réévaluation.
› Dr ISABELLE HOPPENOT
D’après un entretien avec le Pr Marc Leone, service d’anesthésie-réanimation, AP-HM, hôpital Nord, Marseille.
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