Nous sommes il y a vingt-cinq ans, en juillet, dans une zone rurale de Grèce. Un jeune médecin, en voie de spécialisation, occupe pour un an un poste de médecine générale. Il fait extrêmement chaud. Les paysans sont tous au travail. La salle d’attente est vide. Le médecin passe le temps en compulsant livres et journaux. Soudain, suant et soufflant, un paysan grimpe quatre à quatre l’escalier qui mène au cabinet médical et fait irruption : « Docteur, pouvez-vous faire quelque chose pour mon cheval ? » Totalement essoufflé, il explique ce qui se passe. Il a amené son cheval dans un champ où il comptait répandre des pesticides sur ses cultures. Pour cela, il a dilué la poudre pesticide dans un grand bac plein d’eau et s’est retourné pour prendre un réservoir qui se porte à l’épaule afin de le remplir avec son mélange. Mais le cheval, assoiffé en raison de la chaleur, a plongé la tête dans le baquet et a bu avec avidité. Quelques minutes plus tard, il s’est écroulé, la bave aux lèvres. « Que pouvais-je faire ? », raconte le médecin. « Je n’avais aucune connaissance vétérinaire. Aucun spécialiste à joindre. ll n’y avait pas de temps à perdre. » Alors, il saisit une seringue de 60 ml, autant d’ampoules d’atropine que ses mains pouvaient en contenir, remit l’ensemble au paysan en lui disant de se dépêcher d’injecter tout cela au cheval. Lequel ne survécut pas. On parla longtemps de l’affaire au village, entre cafés et ouzos, reprochant au propriétaire son manque de sens du cheval.
Anthony Papagiannis. BMJ 2010; 341:c2590.
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