« Remplacer le vague par des idées certaines »

À peine l’ouvrage sorti des presses, Bichat s’attèle déjà à une autre tâche. Cette fois-ci, il veut réaliser une réforme complète de la matière médicale, « cette science qui s’occupe des effets des médicaments sur le corps humain » et « remplacer le vague par des idées certaines ». Il commence ainsi une suite d’expériences à l’Hôtel-Dieu où il fait prendre isolément diverses substances médicinales et observe avec soin les effets qui suivent cette administration. Après en avoir établi scrupuleusement les effets, il les associaient deux à deux, puis trois à trois pour juger des propriétés nouvelles acquises dans cette combinaison. Quarante étudiants sont associées à cette vaste entreprise dont les premiers résultats vont faire l’objet d’un cours que Bichat ne pourra pas malheureusement achever.

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Bichat, sujet à des crises d’hémoptysie de plus en plus fréquentes ne peut , en effet plus suivre le rythme infernal auquel il s’est astreint depuis des années. N’écoutant pas ses amis, il refuse de se reposer voulant, coûte que coûte aller au bout de ses travaux de pharmacologie. Mais, le 18 messidor an IX (7 juillet 1802), après avoir passé la journée dans son laboratoire à étudier l'action des purgatifs sur la muqueuse intestinale, il perd connaissance, tombe dans un escalier et se fait une plaie profonde au cuir chevelu. Après avoir passé la visite de ses malades de l'Hôtel-Dieu, il est saisi d'une nouvelle syncope. Le lendemain, apparaissent des troubles intestinaux, un assoupissement, des phénomènes ataxiques et des céphalées violentes que l'administration d'émétique et la pose de sangsues sur la nuque ne soulagent guère. Les jours suivants, la situation ne cesse de s'aggraver en dépit des soins que lui portent ses anciens maîtres Corvisart et Lepreux. Bientôt, il sombre dans le coma et succombe le 3 thermidor (22 juillet) au quatorzième jour de sa maladie dans les bras de Madame Desault qui est restée fidèlement à son chevet.