C'est arrivé le 18 novembre 1839

Naissance de Paul-Georges Delafoy

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Publié le 18/11/2015
éphéméride

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Titulaire de la chaire de pathologie interne à la faculté de médecine de Paris, président de l'Académie nationale de médecine, Paul-Georges Dieulafoy servit de modèle à Marcel Proust et à Émile Zola.


Fils d’un négociant toulousain, Dieulafoy commence ses études médicales dans la Ville rose sous l’autorité de son oncle, Paul Delafoy, professeur de clinique chirurgicale, Mais la chirurgie ne l’ayant pas conquis – « J’aurais été chirurgien si l’antisepsie avait alors existé » –, Delafoy préfère se tourner vers la médecine interne et monter à Paris, nanti d’une lettre de recommandation pour Armand Trousseau.

Reçu premier au concours de l'internat le 24 décembre 1865 le jeune Toulousain effectua celui-ci dans le service d’Alfred Velpeau puis chez Sigismond Jaccoud à Saint-Antoine et, enfin, chez Carl Potain à l’hôpital de la charité.

Une thèse sur la fièvre typhoïde


Le 14 mai 1869, il soutient sa thèse sur « la mort subite dans la fièvre typhoïde », maladie alors fréquente à Paris avant la construction du réservoir de Montsouris.

Deux mois après, Dieulafoy perfectionne la thoracentèse de Trousseau dans les pleurésies en mettant au point un aspirateur qui permet de réaliser des ponctions évacuatrices, le « vide à la main ».

En 1872, il publie « Diagnostic et traitement des épanchements aigus et chroniques de la plèvre par aspiration » après un « Traité sur l'aspiration des kystes hydatiques du foie » et avant un « Traité de l'aspiration des liquides morbides ».

La même année, Il épouse sa cousine, Mlle Claire Bessaignet, chez les parents de qui il était hébergé depuis son arrivée à Paris. Le couple s’installe rue Caumartin et les années qui suivent sont consacrées au travail et en particulier à la préparation du concours d’agrégation. Après un premier échec en 1872, Dieulafoy est reçu en 1875 professeur agrégé puis l’année suivante Médecin des Hôpitaux. Nommé chef de service à l’hôpital Tenon en 1879, Dieulafoy occupe les mêmes fonctions en 1879 à Saint-Antoine et en 1886 à l’hôpital Necker.

Un « Manuel de Pathologie interne » réédité seize fois


Dieulafoy a laissé un « Manuel de Pathologie interne » qui, pendant trente ans, a été le livre de chevet de nombreuses générations d’étudiants : publié en 1880, ce manuel connut, jusqu’en 1911, seize éditions de mises à jour. Ce traité de pathologie aborde toutes les affections connues et l’on doit à Dieulafoy de nombreuses avancées comme l’analyse clinique des symptômes du « Mal de Bright » (Insuffisance rénale chronique) qu’il décrivit dans le détail, alors que le dosage de l’urée dans le sang n’était pas d’actualité ou encore la distinction entre hématémèse et gastrorragie que l’on voit dans l’exulcération simple de l’estomac, connue aujourd’hui sous le nom d’ulcère de Dieulafoy.

En 1887, Dieulafoy succède à Alfred Hardy, atteint par la limite d’âge, comme professeur de pathologie interne. En 1896, Dieulafoy est choisi pour succéder à Germain Sée, qui, âgé de 78 ans, quitte la chaire de clinique médicale de l’Hôtel-Dieu ; malgré son souhait de voir transférer la chaire à Necker, il accepte ce poste prestigieux qu’avait occupé Armand Trousseau, son maître.

De spectaculaires leçons magistrales


A son arrivée, Dieulafoy obtint que d’importants travaux de rénovation soient entrepris afin d’augmenter le nombre de places de l’amphithéâtre où s’entassait, chaque semaine, un nombre de plus en plus grand d’étudiants ou de médecins confirmés ; puis il demanda que cette salle porte le nom de Trousseau et il fit placer un buste de son maître, face au public. Ces leçons magistrales avaient lieu le samedi de 10h30 à 11h30 et parfois à midi ; le mercredi était consacré à une présentation de malades par l’un des chefs de clinique et Dieulafoy en faisait la critique et donnait ses propres conclusions. Les lundi, mardi, jeudi et vendredi avait lieu une visite approfondie du service d’hospitalisation qui comptait cinquante lits d’hommes et trente de femmes : ces visites étaient suivies par une assistance considérable et l’enseignement avait lieu au lit du malade.

Chaque matin, vers 9 heures, 30 le coupé attelé de deux chevaux entrait dans la cour de l’Hôtel-Dieu et l’arrivée du « patron » était annoncée par une cloche et tous les membres de l’équipe médicale rejoignaient son bureau, où étaient rapidement exposés les événements de la nuit.

La même année, Dieulafoy fit sa description de l’appendicite, dont il a donné, en mars 1896, une description qui est toujours d’actualité et la « triade de Dieulafoy » (douleur de la fosse iliaque droite, défense, hyperesthésie) est toujours enseignée dans les traités de sémiologie ; il insista particulièrement sur l’urgence chirurgicale que représentait l'inflammation aiguë de l'appendice tout en étant opposé aux interventions inutiles pour traiter l’hypothétique appendicite chronique ; les partisans de l’opération à « chaud » et ceux de l’intervention à « froid » s’opposèrent dans des discussions passionnées à l’Académie de Médecine.

Entre 1899 et 1909, il publiæ en trois volumes ses observations cliniques sous la forme des « Cliniques médicales de l’Hôtel-Dieu de Paris ».

Dieulafoy quitte l’Hôtel-Dieu a l’âge de soixante-dix ans, en 1909. mais il poursuit son activité médicale et son enseignement au dispensaire Léon-Bourgeois de l’Hôpital Laennec dont il a pris la direction médicale. Élu à l'Académie nationale de médecine en 1890, Dieulafoy en deviendra le président en 1910.

Sa santé décline alors peu à peu et il meurt le 16 août 1911. Ses obsèques furent célébrées le samedi 19 août, en l'église Saint-Pierre-de-Chaillot, au milieu d'une affluence considérable. Armand Fallieres, Président de la République, et Théodore Steeg, ministre de l'Instruction publique, s'étaient fait représenter à la cérémonie ; il fut inhumé au cimetière de Montmartre ; un hommage lui fut rendu à l’Académie de médecine, en octobre.

Admiré de Proust et de Zola


L'écrivain français Marcel Proust en parle en termes élogieux dans « À la recherche du temps perdu »  à l'occasion de la maladie et du déclin de sa grand-mère : « Avez-vous fait venir Dieulafoy ? Ah ! c'est une grave erreur...  » Dans « Germinal », pour décrire la mort du Dr Pascal causée par une angine de poitrine Zola a utilisé le « Manuel de pathologie interne » de Georges Dieulafoy, les écrits du médecin aidant le romancier naturaliste à ancrer ses récits dans le « réel ».














Source : lequotidiendumedecin.fr