« De l'histoire ancienne », d'Orso Miret

On n'échappe pas à son histoire

Publié le 20/02/2001
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U N vieil homme meurt. Un « héros » de la Résistance. Le deuil sera très difficile pour ses trois enfants adultes, confrontés à la perte d'un repère puissant et pas seulement positif mais aussi à des questions sur le devoir de mémoire, comme on aime à dire aujourd'hui, ou simplement le rôle qu'on peut jouer dans l'histoire.

On ne saura pas grand chose de ce père héroïque, pas grand chose du passé. Ce que montre le réalisateur, ce sont les réactions violentes des enfants, et les changements qu'ils vont apporter dans leur vie face à cette absence. Une absence d'autant plus mal vécue que le père a choisi de se faire incinérer - il n'y a pas de tombe sur laquelle se recueillir - et que la mère sombre peu à peu dans une démence qui lui ôte toute mémoire.
C'est le plus jeune fils, Guy, qui est le plus touché. Il perd « un père idéalisé puis rejeté avec la même passion », comme l'explique le réalisateur, avec lequel il ne s'est pas réconcilié. Il se sent coupable et cela le conduit à vouloir prendre en charge, de manière de plus en plus obsessionnelle, le deuil familial et la mémoire paternelle. Le deuxième frère, Fabien, s'occupe lui à résoudre les problèmes matériels, ce qui ne l'empêche pas de s'interroger sur lui-même (il est brocanteur et vide les greniers - la mémoire des personnes âgées). Quant à la sœur, elle a cru fuir les tensions familiales dans un mariage confortable, elle se rend compte de son erreur.
Comme les trois personnages, le spectateur est enfermé dans l'angoisse de ce questionnement mêlant destin individuel et collectif. La réponse est-elle dans la révolte ? On ne le saura pas mais chacun aura trouvé le chemin de sa vérité personnelle et affective.
Yann Goven, Olivier Gourmet (que le réalisateur, comme tout le monde, a remarqué dans « la Promesse », des frères Dardenne), Brigitte Catillon donnent chair et profondeur à ces trois personnages bien peu particuliers. On n'échappe pas à son histoire, à l'histoire, même celle qu'on veut ancienne ; la leçon est dure et émouvante.

CARTON Rene

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6861