Oeufs contaminés: l'Agence belge de l'alimentation était au courant depuis juin...

Publié le 07/08/2017
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Crédit photo : TON KINSBERGEN/SPL/PHANIE

"Nous sommes au courant depuis début juin qu'il y avait potentiellement un problème de fipronil dans le secteur avicole". Katrien Stragier, porte-parole de l'Agence belge pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca), a reconnu samedi à la télévision flamande VRT que les autorités belges savaient depuis début juin qu'il y avait "un problème" dans des élevages dû à la contamination d'oeufs par un insecticide. "Nous avons alors immédiatement démarré une enquête et nous avons également informé le parquet parce qu'il s'agissait d'une possible fraude. À partir de là le secret de l'instruction a commencé à prévaloir", a-t-elle assuré. "Nous comprenons que les gens se posent des questions sur la santé publique et essayons de leur répondre".

Dans cette affaire, des oeufs ont été retirés des supermarchés belges, par précaution, dans l'attente de résultats, mais dans une bien moindre mesure qu'aux Pays-Bas et en Allemagne, où les rappels ont porté sur plusieurs millions d'oeufs provenant d'élevages néerlandais. L'Allemagne avait haussé le ton vendredi soir. "J'attends des autorités compétentes qu'elles élucident (ce dossier) rapidement et minutieusement. En particulier la Belgique et les Pays-Bas en ont ici l'obligation", a déclaré le ministre allemand de l'Agriculture Christian Schmidt au quotidien Bild. "Quelqu'un a clairement procédé avec une énergie criminelle pour frelater (des oeufs) avec un produit interdit", a-t-il insisté.

Apparemment, la grande discrétion de l'AFSCA ne l'aurait pas empêchée de faire retirer des oeufs de certains supermarchés en juillet. Il n'empêche. Cette attitude étonne chez nos voisins. "C'est la protection du consommateur qui doit prévaloir, et le principe de précaution", a tonné lundi matin le ministre belge de l'Agriculture Denis Ducarme sur la radio publique La Première. Face aux critiques de l'opposition et aux demandes d'éclaircissements de son homologue allemand, il a commandé un "rapport circonstancié" sous 48 heures à l'Afsca et promis de "faire la transparence la plus complète".

"Modérément toxique" pour l'homme

Les oeufs retirés sont suspectés de contenir des traces d'une molécule insecticide, le fipronil, utilisée au mépris de la réglementation européenne pour éradiquer le pou rouge dans les élevages. En grande quantité, le fipronil est considéré comme "modérément toxique" pour l'homme par l'OMS. Il est interdit dans l'élevage destiné à la consommation, mais peut être utilisé sur les animaux de compagnie par exemple.

Selon les médias belges et néerlandais, la société néerlandaise mise en cause, ChickFriend, aurait acheté son désinfectant dans le nord de la Belgique, auprès de la société Poultry-Vision. Mais l'avocat de cette dernière société, Pieter Helsen, a affirmé à la télévision néerlandaise qu'elle n'est pas responsable de l'utilisation potentiellement frauduleuse du produit. Poultry-Vision "a correctement informé les acheteurs de ce produit", a-t-il assuré. 

A la suite de cette crise sanitaire, les éleveurs néerlandais pourraient abattre des millions de poules contaminées. Trois cent mille poules contaminées, qui atteignaient la limite d'âge de 18 à 24 mois pour la ponte, mais étaient de ce fait exclues du circuit de transformation alimentaire habituel, ont déjà été abattues. Un à plusieurs millions de poules pondeuses pourraient connaître le même sort si les éleveurs estiment qu'il n'est plus rentable de les maintenir en vie, faute de débouchés pour les oeufs. En Allemagne, en Suisse et en Suède, des millions d'oeufs provenant des Pays-Bas -qui comptent près de 50 millions de poules pondeuses- ont été rappelés et détruits.

En France, le ministère de l'Agriculture a affirmé samedi que le pays n'était pas "concerné", même si un élevage du Pas-de-Calais est bloqué préventivement depuis le 28 juillet.


Source : lequotidiendumedecin.fr