GHT de psychiatrie Nord Pas-de-Calais

Ouvrir le champ des possibles de la culture

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Publié le 16/02/2023
Né en 2017 de la volonté des quatre établissements publics de santé mentale de travailler davantage en complémentarité, le groupement hospitalier de psychiatrie du Nord Pas-de-Calais a mis en œuvre une politique artistique ambitieuse, à destination des patients mais aussi des professionnels.
Maud Piontek, directrice de la communication et de la culture du GHT de psychiatrie Nord Pas-de-Calais

Maud Piontek, directrice de la communication et de la culture du GHT de psychiatrie Nord Pas-de-Calais
Crédit photo : DR

Les GHT de psychiatrie en France se comptent sur les doigts d’une seule main. Pourtant les quatre établissements publics de santé mentale qui composent celui du Nord Pas-de-Calais ont franchi le pas dès 2017 (1). « Nous fonctionnons tous sur le principe de la sectorisation et nous partageons le même objectif de rapprocher les soins au plus près du domicile des usagers. Contrairement aux idées reçues, l’hospitalisation ne représente que 10% de notre activité », exprime Maud Piontek, directrice de la communication et de la culture du GHT de psychiatrie Nord Pas-de-Calais. Une des réussites du groupement, qui couvre 38 secteurs de psychiatrie, réside dans la coordination et le développement d’une politique artistique que structurent deux axes forts : la mise en place, chaque année, d’un projet fédérateur et d’une formation artistique transversale.

Soins à médiation culturelle

La première réalisation artistique commune a été menée en 2019 avec le sculpteur Fred Martin qui, après être intervenu dans les quatre établissements, a proposé l’exposition « Complément Terre » pour symboliser une « psychiatrie bien présente dans son environnement, au service de tous les publics et riche de ses territoires variés ». Et si un an plus tard, la crise sanitaire a obligé à repenser la mobilité des projets artistiques, elle n’en a pas moins donné lieu à des échanges épistolaires, bienvenus en temps de confinement, menés avec l’illustratrice Knapfla. « Nous avons proposé un jeu de correspondance pour créer du lien et de l’interculturalité entre établissements. Chacun avait la liberté de produire sa propre carte postale à partir d’une intention de départ donnée par l’illustratrice. Des patients, des professionnels et même des riverains ont pu échanger par ce biais grâce à un kit mis à disposition de tous ceux qui le souhaitaient », poursuit la directrice.

En 2022, c’est une conteuse, Swan Blachère, qu’a accueillie le GHT. Elle s’est transportée de service en service, de salle en salle, s’adressant aussi bien aux patients qu’aux professionnels, par le biais de formations. « Le conte et l’écrit sont très importants dans le domaine du soin psychique pour libérer la parole. L’impact de cette action a été très fort donnant lieu à l’organisation de nombreux ateliers dans les services. Et c’est un nouvel événement fédérateur qui s’annonce en septembre 2023 puisque nous travaillons avec la photographe Paule Neel et l’écrivain Martin Granger. L’accordéoniste Laure Chailloux interviendra, quant à elle, pour assurer des formations aux professionnels autour de l’expression par le chant ».

Formation et inclusion

En plus d’offrir des résidences de création ou des soins à médiation aux patients, les artistes accueillis par le GHT proposent en effet des parcours de formation à l’ensemble des professionnels, soignants ou administratifs. « Leur enthousiasme nous a conduit à démultiplier les sessions. Ces actions ont en outre renforcé l’acculturation au GHT et les échanges inter-établissements puisque pour prendre un exemple très concret, un infirmier exerçant à Bailleul peut s’inscrire à une formation artistique à Saint-Venant », se réjouit Maud Piontek. L’une des forces de cette politique est aussi de pouvoir rendre publiques les productions dans des lieux partenaires, comme par exemple le Lille Métropole musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut (LaM) ou le Vivat, scène nationale à Armentières et même de répondre à la commande publique avec l’œuvre « Lenticelles » soutenue par le ministère de la Culture ou à l’action « Nouveaux commanditaires » portée par la Fondation de France. « Au-delà de la dimension soignante, notre volonté est aussi de travailler sur la citoyenneté des usagers et de favoriser l’exercice de leurs droits culturels car malheureusement, les troubles psychiques coupent souvent les liens sociaux. C’est aussi notre mission de les rétablir et nous sommes d’ailleurs de plus en plus sollicités pour faire venir des patients dans les lieux culturels. J’ajoute que le maillage territorial est l’atout fort d’un GHT, nous sommes reconnus à l’échelle d’un territoire comme des partenaires de la cité. »

Si cette politique est bien évidemment définie en commun avec les référents culturels des quatre établissements, Maud Piontek a également souhaité faire appel au collectif de designers Faubourg 132 « pour définir collectivement notre socle commun et écrire les perspectives de la politique artistique du GHT. Ce travail baptisé « Explore » en ce qu’il investigue toutes les possibilités et ressources de nos établissements est aussi un geste artistiqueIl nous a permis d’identifier des thématiques et des modes opératoires pour travailler sur une temporalité longue et un territoire très vaste. » Avec quatre mots d’ordre qui résument parfaitement la finalité poursuivie par le GHT : fédérer, accélérer l’inclusion, être créatif et offrir des expériences sensibles aux professionnels et aux usagers.

 1 - Le GHT de psychiatrie du Nord-Pas-de-Calais dont l'EPSM Lille-Métropole est l’établissement support regroupe quatre EPSM : l’EPSM Lille-Métropole (Armentières), l’EPSM de l’agglomération lilloise (Saint-André-Lez-Lille), l’EPSM des Flandres (Bailleul) et l’EPSM Val-de-Lys-Artois (Saint Venant).


Source : lequotidiendumedecin.fr