Fractures ostéoporotiques

Pas d’effet protecteur du surpoids

Publié le 19/02/2015
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L'effet protecteur du poids sur le risque de fracture disparaît  au-dessus d'un IMC à 25

L'effet protecteur du poids sur le risque de fracture disparaît au-dessus d'un IMC à 25
Crédit photo : PHANIE

Comme l’a rappelé le Pr Bernard Cortet il existe classiquement une liaison entre indice de masse corporelle (IMC) et risque de fracture : une augmentation d’une unité d’IMC est à l’origine d’une réduction du risque de fracture ostéoporotique de 3 %, et surtout de fracture de hanche (7 %). Cette association disparaît toutefois après ajustement pour la densité minérale osseuse (DMO).

Il est maintenant bien admis que l’effet protecteur du poids sur le risque de fracture disparaît au-dessus d’un IMC à 25. Après ajustement pour la DMO, on observe même une augmentation du risque de fracture au-delà de 30 (1).

Les travaux montrant que l’obésité n’est pas protectrice vis-à-vis du risque de fracture ostéoporotique sont récents : l’étude GLOW (2) ne met pas en évidence de différence de l’incidence et de la prévalence des fractures ostéoporotiques entre des femmes ménopausées obèses ou non. Les femmes obèses en revanche sont moins souvent traitées.

L’analyse des données récentes montre que l’obésité n’a pas le même effet selon le siège de la fracture : chez la femme, l’obésité semble augmenter le risque de fracture du tibia, de la diaphyse fémorale et de l’extrémité supérieure de l’humérus mais diminuer le risque de fracture du poignet, de la hanche et du bassin.

Le sexe joue un rôle également : le risque de fracture non vertébrale chez l’homme augmente si l’IMC dépasse 30 et surtout 35 (3), en particulier à la hanche (4).

Une étude des déformations vertébrales en VFA (5) montre que l’obésité serait plutôt un facteur protecteur chez l’homme mais favorisant chez la femme.

La DMO reste un facteur prédictif de fracture intéressant chez les obèses (6). Elle est toutefois plus élevée chez les femmes fracturées obèses que chez les non obèses, ce qui pose le problème de la valeur du seuil fracturaire chez l’obèse. Le FRAX est également utile.

La mortalité en cas d’IMC bas après fracture de hanche est beaucoup plus importante que chez l’obèse, chez l’homme et la femme.

L’effet des différents traitements anti-ostéoporotiques ne semble pas très différent en fonction de l’IMC.

En ce qui concerne l’action du tissu adipeux sur le métabolisme osseux, ce tissu qui est un véritable organe endocrine, doué de propriétés métaboliques secrète en particulier des adipokines dont la leptine et l’adiponectine, et probablement des cytokines pro-inflammatoires.

D’après la communication du Pr Bernard Cortet, Lille

(1Johansson H1. J Bone Miner Res. 2014 Jan;29(1):223-33

(2)Compston JE et al Am J Med. 2011;124(11):1043-50

(3)Nielsen M et al, Osteoporos Int. 2011;22(7):2119-28

(4)Premaor MO et al. J Bone Miner Res. 2013;28(8):1771-7

(5) Laslett LL et al, Osteoporos Int. 2012;23(1):67-74

(6) Premaor et al. J Bone Miner Res. 2013;28(1):188-95

Dr Monique Petit-Perrin, Dijon

Source : Congrès spécialiste