Cancer du sein HER2+ et étude APHINITY

Peut-on faire mieux en situation adjuvante ?

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Publié le 12/07/2017
cancer du sein

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Crédit photo : SCIEPRO/SPL/PHANIE

Rappelons que le pertuzumab (P) est un inhibiteur de la dimérisation de HER2, ce mécanisme d’action est complémentaire de celui du trastuzumab (T) qui est, quant à lui, dirigé contre un autre épitope de la partie extracellulaire de HER2 et inhibe ainsi son activation.

L’étude APHINITY est une étude de phase 3 randomisée, double aveugle, contre placebo, comparant l’association T+Chimiothérapie (C avec ou sans anthracycline) +placebo versus P+T+C en situation adjuvante chez des patientes présentant un cancer du sein HER2+ de stade précoce. Les thérapies ciblées étaient poursuivies pendant 1 an. Les patientes avec envahissement ganglionnaire ou sans envahissement ganglionnaire et présentant une tumeur > 1 cm étaient incluses dans l’étude.

Plus de 4800 patientes ont participé à l’essai APHINITY, dont les résultats communiqués à l’ASCO ont été publiés dans le New England Journal of Medicine (1).Le critère principal d’évaluation était la survie sans maladie invasive (Invasive Disease-Free Survival).L’hypothèse statistique était d’avoir dans le bras standard associant le trastuzumab à la chimiothérapie, un taux de survie sans maladie invasive à 3 ans de 89,2% et dans le bras pertuzumab (P+T+C) de 91,8%.

Réduction du risque de maladie invasive de 19%

Les résultats sont les suivants : à 3 ans, le taux de survie sans maladie invasive était de 94,1% dans le groupe pertuzumab et de 93,2% dans le groupe placebo.

Le taux de survie sans maladie invasive dans le bras standard est de 93,2% à 3 ans, donc supérieur à ce qui était attendu. La récidive de la maladie a été observée chez 171 patientes (7,1%) du groupe P et 210 patientes (8,7%) du groupe placebo (HR = 0,81 ; IC95% : 0,66-1,00 ; p=0,045), soit une réduction du risque de 19%. Dans l’analyse en sous-groupes, les patientes ayant une atteinte ganglionnaire tirent encore davantage de bénéfices de cette association, 92% de taux de survie sans maladie invasive dans le groupe pertuzumab versus 90,2% dans le groupe placebo (HR=0,77 ; IC95% : 0,68-1,86 ; p=0,64). En revanche, pour les patientes ne présentant pas d’envahissement ganglionnaire, la différence entre les 2 bras comparateurs n’est pas significative (HR=1,13 ; IC95% :0,68-1,86 ; p=0,02).

Le profil de tolérance cardiaque a été comparable dans les 2 groupes de traitements. La toxicité digestive à type de diarrhées de grade ≥ 3, associée aux séquences de chimiothérapie, était plus fréquente dans le groupe pertuzumab que dans le groupe placebo (9,9% versus 3,7%, respectivement).

De l’avis d’experts et sur la base de ces résultats, le pertuzumab serait plutôt à réserver en situation adjuvante aux patientes les plus à risque de rechute c’est-à-dire avec envahissement ganglionnaire.

D’après une session orale présentée par Gunter von Minckwitz (Allemagne) au congrès ASCO 2017. Abstract LBA500.

Dr Sylvie Le Gac

Source : lequotidiendumedecin.fr