Amylose héréditaire à transthyrétine

Premier traitement antisens

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Publié le 08/10/2018
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L’ATTRh se caractérise par la formation et l’agrégation anormale de dépôts amyloïdes de transthyrétine (TTR) dans différents tissus et organes, au niveau des nerfs périphériques, du cœur, des intestins, des yeux, des reins…

« Au niveau des nerfs périphériques cela se traduit par des troubles sensitifs très douloureux aux extrémités, des neuropathies, puis progressivement des troubles de la marche », a expliqué le Pr Violaine Planté Bordeneuve (CHU Henri Mondor, Créteil). L’atteinte cardiaque se manifeste par une cardiomyopathie hypertrophique, avec troubles de la conduction et du rythme et conduit à une insuffisance cardiaque engageant le pronostic vital. Ces différentes atteintes sont variables d’un patient à l’autre illustrant ainsi la complexité et l’hétérogénéité de la maladie. Elle touche 800 à 1 000 patients en France et nécessite une prise en charge pluridisciplinaire. La maladie se déclare majoritairement vers 50/60 ans : les malades ont des enfants, des petits-enfants… toute la famille est impactée. Selon les formes cliniques, l’ATTRh aboutit au décès dans un délai variant de 3 à 15 ans suivant l’apparition des symptômes. Les symptômes non spécifiques et parfois communs à d’autres pathologies, associés à la méconnaissance de la pathologie due à sa rareté font qu’il existe un retard de diagnostic moyen de trois ans, retard particulièrement délétère. « Jusqu’à présent, les options thérapeutiques consistent en une greffe hépatique pour les patients éligibles et/ou à un stabilisateur de la transthyrétine (tafamidis) pour les patients en stade précoce de la maladie, ainsi qu’à des traitements symptomatiques », a souligné le Pr Eric Hachulla (CHRU de Lille).

Efficacité sur les neuropathies et la qualité de vie

IONIS Pharmaceuticals et AKCEA Therapeutics ont développé Tegsedi (inotersen) un oligonucléotide antisens de dernière génération conçu pour limiter la production par le foie de transthyrétine (TTR). En se liant sélectivement à l’ARN messager qui code pour la transthyrétine, Tegsedi entraîne la dégradation de l’ARN messager empêchant ainsi la synthèse de TTR. Tegsedi a obtenu une AMM européenne (6 juillet 2018) dans le traitement de la polyneuropathie de stade I ou de stade II chez les patients adultes atteints d’ATTRh. « Et il a obtenu le 21 juin, une ATU de cohorte permettant un accès précoce au médicament pour les patients ATTRh éligibles », a précisé le Dr Laurent de Narbonne (Président d’Akcea Therapeutics France). Il se présente sous la forme d’une seringue pré-remplie, prête à l’emploi et s’administre en sous-cutané, une fois par semaine. L’étude pivot Neuro-TTR a été menée chez 172 patients pendant 15 mois. Une stabilisation a été observée chez plus de la moitié des patients et ce quel que soit le stade de la maladie, le type de mutation ou la présence d’une cardiomyopathie. Les événements indésirables les plus fréquents étaient les réactions au site d’injection, nausées, céphalées, anémie, diminution des plaquettes et thrombopénie. Pendant le traitement, il convient d’alterner les sites d’injection, de réaliser une numération plaquettaire toutes les deux semaines et de réaliser chaque trimestre une surveillance biologique rénale afin de prévenir une éventuelle glomérulonéphrite.

Conférence de presse organisée par Akcea Therapeutics

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin: 9692