Proche-Orient : la diplomatie reprend-elle ses droits ?

Publié le 02/05/2001
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I L y a loin entre un accord de cessez-le-feu et son application. Mais le désespoir est mauvais conseiller. Voici quelques éléments nouveaux dans la crise israélo-palestinienne :

- L'initiative jordano-égyptienne est à la fois courageuse et utile. Même si tous les aspects du plan établi par le président Hosni Moubarak et le roi de Jordanie ne conviennent pas à Israël, il était bon que deux pays amis des Palestiniens prennent le relais de la diplomatie américaine. Le Caire et Amman signalent de cette manière qu'ils sont hostiles à toute généralisation du conflit, qu'ils ne diabolisent pas Sharon et qu'ils ne veulent pas non plus que Yasser Arafat les entraîne dans la guerre.
- Les maximalistes arabes n'ont pas eu gain de cause. Saddam Hussein peut toujours former une armée anti-israélienne, Bachir Assad peut toujours tenir des propos incendiaires, le gouvernement libanais peut toujours lui faire écho, ce sont les modérés qui, pour le moment, dirigent le fragile esquif de la paix.
- Les Américains ne sont pas restés inertes. Ils ont beaucoup contribué à calmer le jeu en forçant Sharon à retirer ses troupes de Gaza. Le gouvernement israélien sait désormais jusqu'où il peut aller.
- M. Arafat semble avoir perdu une bonne partie de son influence. Il n'est pas entendu par ses militaires, qui ont continué à tirer des obus de mortiers bien qu'il l'ait interdit. Sur ce point, les Israéliens semblent se demander s'il demeure l'interlocuteur de choix. Selon « Newsweek », l'irruption des forces israéliennes à Gaza avait pour but de le déstabiliser. Le problème est que, après Arafat, ce seront probablement les intégristes qui prendront le pouvoir. Le test israélien n'était donc pas utile.
- Le gouvernement israélien doit accorder ses violons. S'il est vrai que M. Sharon a laissé Shimon Peres se rendre au Caire et conclure un accord avec le président Moubarak, il doit aussi éviter toute provocation et ne pas tenir un langage différent de celui de son ministre des Affaires étrangères. Il a commencé à donner des gages en laissant quelques milliers de Palestiniens revenir en Israël pour y travailler, ce qui montre qu'il n'est pas aussi fermé à un plan de paix que l'affirment les commentateurs, qui se sont fondés sur des propos qu'il a récemment tenus et n'étaient pas moins formels que ce que disent les Palestiniens. Il doit maintenant payer les sommes qu'il doit aux Palestiniens pour la gestion de leurs affaires. Même si quelques échauffourées ont encore lieu.
- Ou bien M. Arafat joue sincèrement la carte du dialogue, ou bien il annonce sans ambiguïté qu'il ne tient plus ses forces. C'est de justesse qu'un bus israélien plein d'enfants a éviter une bombe commandée à distance. Un attentat de ce genre rendrait l'apaisement impossible.
- Dernier point : bien entendu, les tentatives actuelles pour renouer le dialogue peuvent échouer. Mais Peres, violemment critiqué pour sa participation au gouvernement de Sharon, a démontré qu'il vaut mieux agir que parler. Les efforts qu'il fournit sous un déluge de démagogie et de violence sont admirables.

R. L.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6910