Prouesse technique en Italie : un rein transplanté à la place de la rate chez une fillette de 6 ans

Publié le 20/12/2016

L'hôpital Molinette à Turin a annoncé la semaine dernière la première transplantation mondiale d'un rein à la place de la rate sur une fillette âgée de six ans.

Avec cette intervention, une nouvelle frontière de la chirurgie dans le domaine de la greffe vient d'être franchie. Sous dialyse depuis sa naissance, l'enfant souffrait d'une rare anomalie du développement des reins accompagnée d'une malformation des vaisseaux. Une première transplantation réalisée en août 2014 avait échoué du fait de la malformation des vaisseaux sanguins abdominaux rendant impossible la vascularisation du greffon. En raison de ces mêmes anomalies vasculaires, les séances de dialyse étaient de plus en plus difficiles. L'enfant a été placée sur la liste nationale d'urgence pour une deuxième transplantation délicate.

Hospitalisée à l’hôpital pédiatrique Regina Margherita, l'intervention a été réalisée à l'hôpital Molinette de Turin par une équipe pluridisciplinaire composée d'urologues, de chirurgiens vasculaires, de spécialistes de la greffe rénale adulte et pédiatrique, notamment le Dr Licia Peruzzi (service transplantation pédiatrique de l'hôpital Regina Margherita).

Un rein compatible a été disponible le 9 décembre et l'intervention s'est déroulée dans la nuit du 9 au 10 décembre. La transplantation a été réalisée en position haute afin de créer l'espace nécessaire pour le nouveau rein avec plusieurs temps opératoires : ablation de la rate, anastomose des vaisseaux du greffon sur ceux de la rate sous le pancréas ; l’uretère du rein transplanté (suffisamment long car le donneur était de plus grande taille que la fillette) a été directement raccordé à la vessie.

Une intervention audacieuse

« D'un point de vue technique, c'est une opération audacieuse, la rate étant un organe protecteur chez les enfants car il constitue un barrage contre les infections mais, compte tenu de la complexité du tableau clinique, il fallait absolument créer un nouvel espace », explique le Pr Paolo Caione. Pour cet urologue reconnu au niveau européen et international qui exerce à l'hôpital pédiatrique Bambino Gesù, à Rome, cette intervention en soi n'a rien d'exceptionnel. « Il y a dix ans, nous nous sommes retrouvés dans un cas de figure identique mais nous avons préféré éviter l'option de la rate », ajoute le Pr Caione.

À moins d'un rejet dans les deux prochains mois, « le rein commencera à fonctionner normalement et la patiente pourra vivre normalement en prenant toutefois un traitement anti-rejet à vie », estime le Pr Caione. En collaboration avec les docteurs Simone Nappo et Nicola Capozzau, le Pr Caione a réalisé à l'hôpital Bambino Gesù quelque trois cents greffes de reins.

De notre correspondante Ariel F. Dumont

Source : lequotidiendumedecin.fr