Attention, sujet miné hautement explosif… Traiter dans un ouvrage d'art des représentations d'enlèvements amoureux relève pour le moins du politiquement incorrect. Jérôme Delaplanche a bien sûr initié son projet largement avant le déclenchement de l'affaire Weinstein. Mais la publication en 2018 relève du pari, celui d'échapper aux postures idéologiques, féministes rejetant une histoire de l'art phallocentrique tout entière guidée par le seul désir masculin, mais aussi celle des historiens scientifiques, neutres, aveugles oubliant de s'interroger sur les pulsions à l'œuvre dans la sublimation de l'œuvre d'art. Les écueils dans ce voyage qui nous conduit de l'Antiquité à nos jours sont nombreux. Et l'auteur ne les écarte pas toujours notamment lorsqu'il se lance dans une description hors sujet, du plaisir féminin décrit à partir de témoignages personnels… Mais par sa vaste culture, un style alerte, cet ouvrage explore un champ original qui ne manque pas d'interroger le plaisir du spectateur, voyeur incontinent, ravi d'assister sans risque à une scène de crime sous couvert d'art et de références mythologiques. Bref un livre d'art qui entraîne le lecteur bien au-delà des seules questions de style et de représentation.
Ravissement, Jérôme Delaplanche, Ed. Citadelles & Mazenod, 224 pp., relié 130 illustrations, 2018, 59 euros.
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