Prise en charge de l’ostéoporose

Restons optimistes !

Publié le 07/04/2015
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La diminution de 10 % par an des traitements anti-ostéoporotiques amorcée en 2009-2010 se poursuit. « Les pouvoirs publics et l’assurance-maladie ont réalisé la sévérité de l’affection et sa mauvaise prise en charge. C’est nouveau et encourageant. Ils peuvent améliorer la situation » estime le Pr Cortet. En 2 014 la CNAM a participé à une table ronde organisée par l’AFLAR sous l’égide du député de l’Isère Olivier Véran. Elle souhaite, en concertation avec l’AFLAR, le GRIO et la section Os de la SFR, exploiter sa base de données sur les fractures après 50 ans. À cette table ronde, le Dr Pierre Gabach (responsable du département des maladies chroniques à la CNAM) a précisé le nombre de ces fractures hospitalisées (165 000 en 2 013) qui augmente de 5 % par an, leur gravité (7 % de mortalité à 1 an) et leur coût (777 millions d’euros en 2 013). Peu (20 %) sont à l’origine d’une prise en charge de l’ostéoporose. La baisse de 6,4 % par an depuis 5 ans du nombre d’ostéodensitométries (571 000 en 2 013) préoccupe également la CNAM.

La prise en charge s’organise

À l’échelon international, le consensus pour optimiser la prise en charge est de se focaliser sur les patients déjà fracturés, les plus à risques de récidive. Des filières fractures se développent : repérage systématique aux urgences et en traumatologie des fractures non traumatiques après 50 ans, rendez-vous fixé en consultation de rhumatologie dans le même établissement dans les semaines suivantes avec une mesure de la densité minérale osseuse (DMO) et un bilan biologique pour décider de l’indication d’un traitement, et enfin suivi dans le même établissement ou en ville. Cette prise en charge coût-efficace est appuyée par les sociétés savantes : campagnes « Making the first fracture the last fracture » (Société américaine de pathologie osseuse), « Capture the fracture » (International Osteoporosis Foundation), sites internet... En France, le GRIO souhaite les fédérer : recensement (Pr Patrice Fardellone), journée dédiée le 22 septembre 2015 (ateliers, retours d’expériences, … )

En 2012, puis 2 014 le GRIO et la SFR ont émis des recommandations pour simplifier la prise en charge de l’ostéoporose post-ménopausique et cortico-induite.

De nouveaux traitements à court et long terme

L’odanacatib, inhibiteur de la cathepsine K (enzyme résorbant la trame osseuse) « apporte une approche ciblée inhibant la résorption osseuse mais se différencie des bisphosphonates ou du dénosumab par un impact moindre et transitoire sur les marqueurs de la formation osseuse. Le gain osseux DMO est confirmé par l’étude LOFT, randomisée en double aveugle contre placebo sur 5 ans (7 000 patients) : sous odanacatib (50 mg per os/semaine), baisse du risque de fractures vertébrales (-54 %), non vertébrales (-23 %) et de hanche (-47 %). Ces résultats ont une pertinence clinique indéniable, ce d’autant que le mécanisme d’action de cette molécule est différent de celui des traitements disponibles. Une demande d’AMM va être faite à l’échelon Européen. À ce jour il n’est pas possible de savoir si ce traitement sera remboursé » indique le Pr Bernard Cortet.

À plus long terme, des agents ostéo-anaboliques sont en développement. Le romosozumab et le blosozumab sont des anticorps anti-sclérostine (la sclérostine inhibe la voie WNT de formation osseuse). Les résultats des phases II en injections sous cutanées ont été publiés en 2 014. À 1 an, la DMO lombaire augmente sous romosozumab (210 mg/mois) de 11,3 % et sous blosozumamb (270 mg/15 jours) de 17,7 % (les gains de DMO à 1 an sont de 4 % sous alendronate et 6 % sous tériparatide). « Les marqueurs du remodelage osseux révèlent un effet découplant initial (formation augmentée, résorption diminuée), reviennent au point de départ à 6 mois puis diminuent secondairement (plus la résorption que la formation). Seules les études de phase III qui débutent permettront d’apprécier l’efficacité anti-fracturaire de ces molécules » indique le Pr Bernard Cortet.

D’après un entretien avec le Pr Bernard Cortet, CHU Lille.
Dr Sophie Parienté

Source : Bilan spécialiste