CLASSIQUE
Par Olivier Brunel
L E chorégraphe français Jean-Claude Gallotta, fondateur du Groupe Emile Dubois aujourd'hui inséré dans la Maison de la Culture « Le Cargo » de Grenoble, avait déjà adapté sur la même scène de l'Opéra-Bastille sa pièce « Ulysse » pour quarante danseurs en « Les Variations d'Ulysse » sur une musique originale de Jean-Pierre Drouet. Belle chorégraphie blanche et solaire sur le thème du célèbre voyageur, c'était un spectacle agréable malgré la minceur du propos chorégraphique.
Avec « Nosferatu », Gallotta avoue avoir voulu donner son contraire à « Ulysse » d'où le thème beaucoup plus noir et sanguinaire, et les sombres tonalités du spectacle. S'il ne prétend pas raconter l'histoire du célèbre vampire transylvanien, son travail s'inspire de la figure de « Nosferatu » jeune, incarné par un José Martinez aux allures de Christ noir et romantique avec sa perruque et ses longues jambes.
On avoue ne pas avoir bien suivi l'action et que, lues après le spectacles, les déclarations d'intention du chorégraphe et de son dramaturge nous ont laissé pantois. On y a vu pendant soixante-quinze minutes, dans des ténèbres peu propices à la compréhension, dans un assez beau dispositif signé Daniel Jeanneteau, de nombreux danseurs en tenue de ville, courir, se frotter, rouler par terre, courir encore, semblant répéter à l'infini le même mouvement giratoire.
Un personnage central, on l'a dit interprété par le danseur-étoile José Martinez, marche beaucoup, multiplie les effets de cape, transporte filles et garçons, fait de son mieux et fait très bien. Cependant le propos est mince et l'idée s'épuise vite. Ce « Nosferatu » se serait mieux porté, aurait d'avantage convaincu sous la forme d'un duo de dix minutes, formule qui convient si bien aux chorégraphies d'aujourd'hui.
La vue un peu anesthésiée, on a pu prêter plus d'attention à la musique. Elle est de Pascal Dusapin, compositeur français né en 1955, mais n'est pas originale à ce travail. Gallotta a choisi parmi des musiques déjà créées quatre pièces composées entre 1993 et 1996. L'Orchestre de l'Opéra de Paris, sous la baguette de Bernhard Kontarsky, a magnifiquement rendu justice à cette excellente musique, la seule à évoquer, à la manière des musiques de film, par ses couleurs, les climats qu'elle suggère et les atmosphères sonores qu'elle entretient, le propos vampirique. « Extenso », second des trois soli pour orchestre de Dusapin (créé en 1994), qui ouvrait la soirée, convoque en un extraordinaire et très lyrique crescendo tous les instruments de l'orchestre ; « Watt » concerto pour trombone et orchestre (1994), le plus mélodique des quatre, évoque des cornemuses ; « Celo » concerto pour violoncelle et orchestre (1996) donne à Cyril Lacrouts une occasion de se distinguer dans un magnifique et inquiétant solo dans le moment le plus intéressant de la soirée consistant en la succession de cinq duos. « Apex », solo n° 3 pour orchestre (1995), le plus virtuose des quatre, montre toute la complexité dont est capable ce jeune compositeur. Parmi la quarantaine de danseurs, on distingue autour de Martinez, star de la soirée, les silhouettes de Gil Isoart et Stéphane Phavorin, très en valeur, Delphine Baey et Clairemarie Osta un peu en retrait.
Opéra-Bastille (08.36.69.78.68). Les 15, 18 et 21 mai, à 19 h 30. Prix des places : de 45 F à 260 F. Prochain spectacle du Ballet de l'Opéra de Paris sur cette même scène : « Roméo et Juliette », ballet de Prokofiev, chorégraphie Noureev, du 15 juin au 16 juillet.
Hommages à Giuseppe Sinopoli et à Irène Joachim
D EUX disparitions, du chef d'orchestre italien Giuseppe Sinopoli et du soprano français Irène Joachim, ont endeuillé le monde de la musique classique la semaine dernière.
Le chef italien Giuseppe Sinopoli est mort en dirigeant, à l'âge de 55 ans. Il s'est effondré victime d'un infarctus du myocarde pendant le troisième acte d'« Aïda », de Verdi, au Deutsche Oper (ancien opéra du secteur Ouest) de Berlin. Dans cette même fosse, il avait fait des débuts fracassants en 1980 avec « Macbeth », de Verdi, dans une mise en scène de Luca Ronconi avec Sylvia Sass et Renato Bruson, production dont le DVD garde le souvenir (« le Quotidien » du 12 mars).
La carrière de ce chef vénitien né en 1946, qui était docteur en médecine spécialisé en psychiatrie, a été beaucoup controversée notamment à la tête d'orchestres symphoniques. A l'opéra il était très demandé notamment à Vienne (le Théâtre des Champs-Elysées l'avait affiché pour la prochaine saison à la tête des représentations d'« Ariadne auf Naxos » de ce théâtre autrichien) et à Bayreuth dont il avait dirigé la nouvelle « Tétralogie » l'été dernier. Quelques opéras de Puccini resteront dans sa discographie, publiés par Deutsche Grammophon/Universal.
Le soprano français Irène Joachim est morte à 88 ans. Son nom restera indissociable du rôle de Mélisande de l'opéra de Debussy, qu'elle a enregistré en 1942 sous la direction de Roger Desormière, premier enregistrement intégral de l'uvre et succès absolu n'ayant jamais quitté depuis le catalogue d'EMI-Classics.
Née en 1913, elle était la petite-fille du violoniste allemand Joseph Joachim (1831-1907), ami de Brahms et du couple Schumann. Grand défenseur de la musique de son siècle, elle créa des uvres de Jean Rivier, Jean Wiener, Henri Dutilleux et Pierre Boulez. Elle enseigna le chant à la Schola Cantorum et, jusqu'en 1980, au Conservatoire de Paris. Communiste, elle fit de la résistance contre l'occupant. Grâce à son ami, le compositeur Jean Wiener, elle avait fréquenté les milieux du cinéma, notamment Jean Renoir, sous la direction duquel elle interpréta un petit rôle, jouant du clavecin dans « La Marseillaise ».
La collection d'archives INA/Mémoire vive vient de lui rendre hommage en publiant sur CD des enregistrements radiophoniques des années cinquante la montrant sous toutes ses facettes d'interprète mélodiste de Schubert à Fauré, de Satie à Alban Berg.
« Hommage aux ballets russes » par Thierry Malandain à Biarritz
Généreux programme pour la soirée « Hommage aux ballets russes » que propose Thierry Malandain en mai à Biarritz. Le « Bolero », de Ravel, « l'Après-Midi d'un faune », de Debussy et « le Spectre de la rose », de von Weber, trois classiques de Serge de Diaghilev, seront dansés dans les chorégraphies de Thierry Malandain, directeur du ballet Biarritz, et décors et costumes de Jorge Gallardo.
Biarritz Gare du Midi les 19 (à 21 h) et 20 (à 17 h) mai. Renseignements et réservations : 05.59.22.44.66. Site Internet : www.balletbiarritz.com
Julia Varady à Paris
L'annonce paraît incroyable, mais vraie (sous réserve d'annulation bien entendu, car la dame en était très coutumière du temps de sa carrière scénique) ! On n'avait pas vue Julia Valardy à Paris depuis ses inoubliables « Nabucco » de 1995 à l'Opéra-Bastille et un « Requiem » de Verdi avec l'Orchestre de Paris. Elle y revient pour un concert de l'Orchestre philharmonique de Strasbourg, avec Jan Latham-Koenig au Châtelet (« Quatre Derniers Lieder » et Monologue d'« Ariane à Naxos » de R. Strauss) et en Sieglinde dans le premier acte de « la Walkyrie » de Wagner, une de ses incarnations préférées en Allemagne, lors d'un concert du Deutsche Oper Berlin, dirigé par Christian Thieleman, au Théâtre des Champs-Elysées. Alors, pour tous ceux qui ont adoré en scène cette soprano d'exception et surtout ceux qui ne l'ont jamais entendue, la chasse aux places est ouverte !
Châtelet (01.40.28.28.40) le 18 mai à 20 heures.
Théâtre des Champs-Elysées (01.49.52.50.50) le 29 mai à 20heures.
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