Identifier les patients à risque de rechutes

SEP : une signature distingue deux groupes

Publié le 01/10/2012
Article réservé aux abonnés

DE NOTRE CORRESPONDANTE

« CES RÉSULTATS nous encouragent à améliorer ces distinctions avec des études supplémentaires, de façon à ce que nous puissions atteindre notre objectif d’identifier le meilleur traitement pour chaque individu atteint de sclérose en plaques (SEP) », précise le Dr Philip De Jager (Brigham and Women’s Hospital, Boston) qui a codirigé ce travail.

La sclérose en plaques (SEP) surviendrait chez un individu génétiquement prédisposé après exposition à des facteurs déclenchants de l’environnement qui amorcent une réaction inflammatoire contre des auto-antigènes dans le système nerveux central. Il s’ensuit des épisodes récurrents de démyélinisation et, dans de nombreux cas, une neurodégénérescence progressive.

La population est toutefois très hétérogène, non seulement en terme d’évolution de la maladie, mais aussi en terme de réponse au traitement.

Cellules mononuclées du sang périphérique.

Or il n’existe aucun biomarqueur validé pouvant offrir une prédiction utile ; seule l’imagerie peut aider à stratifier le risque d’une rechute dans le cas d’un syndrome démyélinisant cliniquement isolé.

Ottoboni et coll. ont cherché à savoir si en analysant le profil transcriptionnel (expression des ARNm)

dans les cellules mononucléées du sang périphérique (PBMC), il est possible de distinguer des sous-groupes dans une population atteinte de SEP débutante.

Dans une première cohorte de 141 patients SEP non encore traités, ils ont effectivement découvert deux sous-groupes pouvant être distingués par une signature transcriptionnelle.

Ils ont ensuite retrouvé cette distinction dans deux autres cohortes de patients SEP qui étaient traitées par l’une des deux thérapies de fond de première intention : l’acétate de glatiramère (GA ; n = 94) et l’interféron bêta (IFN-bêta ; n =  128).

Un sous-groupe de patients (sous-groupe a) se distingue par une expression plus élevée des gènes impliqués dans les voies d’activation du lymphocyte. De plus, les patients dans ce sous-groupe a (comparés au sous-groupe b), semblent plus susceptibles d’avoir un nouvel épisode inflammatoire malgré le traitement, qu’il soit de type GA ou IFN-bêta.

Si cette signature est confirmée dans les futures études prospectives, elle pourrait être utile pour identifier les patients à risque de rechute et évaluer chez eux des options thérapeutiques plus agressives.

Y a-t-il une fluctuation au fil du temps ?

Une des limitations de l’étude est de ne pas avoir analysé le profil transcriptionnel au fil du temps chez un même patient. Aussi ignore-t-on si un patient fluctue entre les deux états ou s’il reste dans un même état au cours du temps. Cela devra être exploré dans de futures études longitudinales, afin de déterminer comment la signature moléculaire peut servir de marqueur pronostique pour prédire l’activité de la maladie (notamment avec quelle fréquence il faudra caractériser l’état du patient).

Enfin, il reste à savoir si cette signature, décrite à la phase débutante de la SEP, persiste au stade progressif, et si elle accélère l’entrée, ou majore le risque d’entrer, dans la phase progressive de la SEP.

« Notre étude représente un pas important vers l’objectif d’un traitement personnalisé de la SEP, mais beaucoup de travail reste à faire pour comprendre dans quelles circonstances, et conjointement à quelle autre information, cette signature transcriptionnelle peut devenir utile dans une situation clinique », prévient le Dr De Jager.

Ottoboni et coll. Science Translational Medicine, 26 septembre 2012.

 Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9166