De notre correspondante
L ES résultats d'études cliniques commencées l'année dernière pour évaluer le Glivec chez les patients atteints d'un cancer du stroma gastro-intestinal seront présentés le 13 mai prochain au congrès de l'American Society of Clinical Oncology à San Francisco. « Bien qu'il soit encore trop tôt pour commenter le succès du Glivec chez les patients atteints du cancer du stroma gastro-intestinal, nous sommes optimistes et pensons que les études conduiront à cette application clinique », observe dans un communiqué le Dr Charles Blanke (Oregon Health Sciences University, Portland), co-investigateur de ces études.
Le Glivec (STI571) inhibe sélectivement l'activité de plusieurs tyrosine-kinases, la BCR-ABL, mais aussi le c-kit (récepteur pour le facteur des cellules souches) et le PDGFR (récepteur pour le facteur de croissance dérivé des plaquettes). Or certaines tumeurs solides expriment en permanence l'activité tyrosine-kinase c-kit. C'est le cas du cancer du stroma gastro-intestinal, cancer rare, qui survient surtout après la cinquantaine et prend son origine dans les précurseurs des cellules du tissu conjonctif du tube digestif. Des mutations du récepteur c-kit, entraînant une activité tyrosine-kinase incessante, sont détectées dans la plupart des cancers du stroma gastro-intestinal et semblent jouer un rôle central dans leur développement. Ces cancers sont connus pour leur absence de réponse aux chimiothérapies anticancéreuses et il n'existe aucun traitement efficace dans le stade avancé métastasé toujours fatal.
Un cancer terminal métastasé
Joensuu (Helsinki, Finlande), Drucker et coll. décrivent le premier cas d'une patiente traitée par le Glivec pour un cancer du stroma gastro-intestinal. Il s'agit d'une Finlandaise qui, quatre ans après le diagnostic initial, présentait à l'âge de 54 ans un cancer terminal métastasé au foie, au rein et aux ovaires rapidement progressif et réfractaire aux traitements. La patiente a accepté de participer à l'étude et a commencé à prendre des comprimés de STI571 (400 mg/j) en mars 2000. Un mois après le début du traitement, elle présentait une réponse métabolique complète (pas de captation du traceur à scanner à émissions de positons, PET-scan, du corps entier). Les évaluations par IRM indiquent une réduction progressive considérable de la taille des tumeurs et bon nombre des métastases hépatiques sont devenues hypodenses. Les biopsies hépatiques à l'aiguille confirment l'activité anticancéreuse du traitement. Enfin, en février 2001, un an après le début du traitement, la patiente continue de répondre au traitement et se porte bien.
« Le Glivec pourrait être actif dans les tumeurs solides qui reposent sur l'expression du c-kit, de l'ABL ou du PDGFR », notent les auteurs. Des études cliniques ont commencé dans des cancers du poumon, de la prostate et des tumeurs cérébrales.
«New England Journal of Medicine », 5 avril 2001, p. 1052
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