THM : retour à la case départ

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Publié le 29/10/2018
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Le « tsunami WHI » est décidemment bien loin. Pour mémoire, en 2002, cette étude avait retrouvé un risque relatif de cancer du sein augmenté (RR = 1,26 [1,00 – 1,59]) chez les patientes prenant un traitement hormonal de la ménopause (THM) associant des œstrogènes conjugués équins (ECE) à un progestatif, la médroxyprogestérone acétate (MPA). Cette augmentation n’était pas retrouvée chez les femmes prenant un ECE seul (patientes hystérectomisées), chez lesquelles au contraire le risque était diminué (RR = 0,77 [0,62 – 0,95]) et la mortalité, totale et par cancer du sein, réduite.

« L’action des œstrogènes sur la glande mammaire est complexe et ne peut s’interpréter en dehors du contexte hormonal global », avance le Pr Marc Espié de l’hôpital Saint-Louis (APHP) pour expliquer ces derniers résultats. On peut évoquer une action apoptotique, sur les desmosomes, l’insulinorésistance et même un effet dose sur les traitements anticancéreux et l’expression BCRA (Eisen 2008). Il n’y a pas de différence majeure en fonction du type d’œstrogène (ECE ou 17 béta-œstradiol) ou de sa voie d’administration (Shufelt 2018).

L’étude E3N avait ensuite confirmé l’augmentation du risque dans le cas d’un THM associant œstrogènes et progestatifs (RR = 1,29 [1,02 – 1,65]), mais non en cas d’utilisation du traitement souvent utilisé en France : 17 béta-œstradiol + progestérone micronisée (RR = 1,00 [0,83 – 1,22]) ou dydrogestérone (RR = 1,16 [0,94 – 1,43]). Même son de cloche pour Mission (Cordina-Duverger 2013) et Lyytinen 2009. Toutes ces publications ont ainsi différencié les progestatifs de synthèse de la progestérone naturelle et de la dydrogestérone. On considère depuis que ces deux molécules n’augmentent pas le risque, contrairement aux autres progestatifs, comme la MPA.

Situations particulières

Enfin, les publications faisant suite à la WHI n’ont pas retrouvé d’augmentation du risque de cancer du sein en cas d’antécédents familiaux, de mastopathies bénignes, de prise d’un THM avant l’âge de 50 ans ou de mutation BRCA, que les œstrogènes soient seuls ou associés à la MPA.

Session « Sein et ménopause »

Dr L. M.-S.

Source : Le Quotidien du médecin: 9698