« Toujours les arguments de la raison, jamais les arguments de la foi »

Publié le 02/10/2014
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« Pour se faire entendre dans la société, l’Église catholique doit avancer des arguments de la raison et s’abstenir de prononcer des paroles qui seraient tombées du ciel, estime Mgr Aupetit. C’est ainsi que quand j’ai été auditionné par la commission des lois du Sénat sur le mariage pour tous, je n’ai pas cité d’articles de foi, mais j’ai rappelé que le mariage était conçu d’abord pour le bien de l’enfant. Tout enfant est issu d’un père et d’une mère. En supprimant la mention « père » et « mère » sur l’état civil, on introduit délibérément une fragilisation de l’enfant qui perd ses repères naturels. C’est une remise en cause du code civil. En outre, la convention de New York de l’ONU, en 1991, affirme le droit de l’enfant de connaître ses parents et d’être élevé par eux. Par ailleurs, juridiquement, ce n’est pas la sexualité qui fonde le mariage, c’est la différence des sexes. En effet, le maire ne demande pas aux époux leur orientation sexuelle. Nous avons une identité sexuelle qui nous qualifie juridiquement. Il ne revient pas à l’État de définir juridiquement l’orientation sexuelle. Enfin, une loi a pour vocation de s’appliquer à tous et donc d’être universelle. Il ne convient pas, qu’au nom d’un individualisme exacerbé, on crée une loi pour chaque catégorie de personnes. Sinon, pourquoi pas la polygamie ? »

« De même, poursuit l’évêque-médecin, quand je me suis exprimé sur Vincent Lambert, j’ai rappelé qu’au-delà de ce cas particulier il y a plus de 1 500 personnes dans le même état. Et ce que l’on va décider pour lui ne va-t-il pas impacter tous ces autres patients ? On a voulu donner aux juges la décision finale. Or s’il appartient aux juges de dire le droit, ils n’ont pas autorité pour définir le bien ou le mal. L’Église protège la vie et la dignité, elle estime qu’à un patient en état végétatif permanent, on doit procurer les soins ordinaires et proportionnés, qui comprennent, en règle générale, l’administration d’eau et de nourriture, même par voies artificielles. Là encore, il ne s’agit pas d’un argument de foi, nous reprenons la position de l’Académie nationale de médecine. On peut donc discuter de ces sujets éthiques sans être suspect de sectarisme, pas plus que de dérapage homophobe. » Un reproche qui lui a cependant été adressé par un élu communiste de Paris.

Ch. D.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9353