Il s’agit d’une « coïncidence ,» Michel Legmann l’assure : la proposition de loi visant à lutter contre les déserts médicaux, déposée début novembre par le député du Nouveau Centre Philippe Vigier, n’est vraiment pour rien dans le choix de l’Ordre des médecins de focaliser cette année son Atlas de la démographie médicale sur les déserts médicaux et sur l’approche régionale. La disparité de l’accès aux soins en France est devenu un sujet sensible et de plus en plus médiatisé. Et pour cause : on croyait les déserts médicaux limités soit aux régions les plus rurales, soit à celles connues pour leurs banlieues difficiles… En réalité, la désertification médicale touche toutes les régions, même les mieux loties.
Pour la première fois, l’étude démographique de l’Ordre, qui porte avant tout sur la médecine générale, a été effectuée au niveau des bassins de vie, l’échelle « la plus appropriée pour mettre en évidence la disparité de l’offre des soins », d’après le président du CNOM.
L’avantage de l’approche par bassin de vie est qu’elle permet de dépasser les découpages administratifs convenus. « Un patient peut parfois se rendre plus facilement chez le médecin d’un département limitrophe que dans son propre département de résidence, » observe Patrick Romestaing, qui a supervisé l’étude. Zoomée, la carte de l’offre des soins se précise : la totalité des bassins de vie présents sur le territoire français - on en dénombre plus de 2.200 - ont en effet été scrutés à la loupe.
Ainsi, la région Rhône-Alpes, pourtant bien placée en termes de densité médicale avec 313 médecins pour 100.000 habitants, présente de fortes disparités au niveau départemental, le Rhône concentrant à lui tout seul 35,9% des médecins actifs en activité régulière, alors que l’Ardèche n’en compte que 3,7%, mais surtout au niveau des bassins de vie. En ce qui concerne la densité de médecins généralistes par bassin de vie, la moyenne de la région Rhône-Alpes est de 4,6 généralistes pour 5.000 habitants, une densité un peu plus élevée que la moyenne nationale (4,4). Mais un bassin de vie sur deux, sur les 226 recensés dans la région, est caractérisé par une densité faible, inférieure en tout cas à la moyenne régionale.
Grosse surprise: en comparaison, le Limousin a une densité proche, mais néanmoins supérieure (4,8 généralistes par bassin de vie) à Rhône-Alpes. Et sur ses 53 bassins de vie, on ne dénombre finalement que 28% en danger.
Autre découverte: la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, la mieux dotée de France avec une densité médicale de 370 médecins pour 100.000 habitants a aussi ses points noirs en matière médicale. Sur ses 124 bassins de vie, 48% ont une faible densité de médecins généralistes, inférieure à la moyenne. En Ile-de-France, la densité moyenne pour les 280 bassins de vie franciliens est de 3,8 généralistes, mais 51% de ces territoires sont sous la moyenne.
Cet état des lieux a été conçu par le CNOM comme un « outil de pilotage » destiné aux CDOM et aux élus locaux : son président le qualifie d’«indispensable», au moment où les ARS travaillent à la refonte des territoires de santé.
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