L'azoospermie sécrétoire, ou azoospermie non obstructive, est définie comme une absence de spermatozoïdes dans l'éjaculat sur deux recueils à 3 mois d'intervalle. La prise en charge des patients atteint d'azoospermie sécrétoire passe par la réalisation d'une biopsie testiculaire à visée thérapeutique (pour fécondation in vitro avec micro-injection du spermatozoïde dans l’ovocyte) associée à une biopsie "histologique" à visée diagnostique, permettant d'identifier le phénotype de l'azoospermie.
Trois phénotypes histologiques sont actuellement répertoriés : le syndrome de cellules de Sertoli seules (SCOC), les arrêts de maturation des cellules germinales et les hyperspermatogenèses.
Pronostics d'extraction différents
Chez les patients atteints d'azoospermie sécrétoire, la proportion de patients avec un seul syndrome à cellules de Sertoli « varie de 27 à 68 % selon les données de la littérature » indique le Dr Sophie Ferlicot, du service d'anatomie pathologique de l'hôpital Bicêtre, à Le Kremlin-Bicêtre, en région parisienne. « Dans ce type de tableau, le pourcentage de succès d'extraction des spermatozoïdes [lors de la biopsie thérapeutique, NDLR] est très faible », ajoute-t-elle, de 16 à 33 %. Ce phénotype est lié soit à des formes primitives (anomalies de la migration des cellules germinales primordiales du sac vitellin vers la gonade indifférenciée lors de l'embryogenèse), soit à des formes secondaires ou acquises (microdélétions du chromosome Y, syndrome de Klinefelter, antécédents d'orchite ou de chimio ou radiothérapie). « Il s'agit généralement de phénotypes purs, mais cette définition étant liée à la localisation de la biopsie il peut y avoir des formes de mosaïcisme » précise la médecin.
Le phénotype "arrêt de maturation des cellules germinales", qui présente un aspect généralement homogène à la biopsie, se définit par la présence des cellules germinales ayant arrêté leur maturation à un stade donné, soit précoce, sous forme de spermatogonies, soit tardif, « généralement au niveau des spermatocytes voire, plus rarement, des spermatides », indique le Dr Ferlicot. Ce blocage de la spermatogenèse, qui peut être attribué à des anomalies génétiques (anomalies chromosomiques, microdélétion AZF du chromosome Y), est décrit dans moins de 5 % des cas d'azoospermie sécrétoire et est de faible pronostic d'extraction.
Quant aux hyperspermatogenèses, elles sont dites à mosaïcisme histologique ou morphologique. Définies comme une diminution du nombre de cellules germinales touchant tous les stades de maturation, elles sont rarement isolées, d'où le terme de mosaïcisme, et le plus souvent associées à un trouble de la maturation spermatique. Ce type d'histologie « nécessite que le pathologiste fasse une analyse quasiment tube par tube », souligne la médecin. Elles sont de bon pronostic à l'extraction.
Examen de l'interstitium et des cellules de Leydig
L'examen histologique des tubes séminifères, seul moyen de décrire la spermatogenèse, « ne permet, cependant que de décrire des tableaux morphologiques, pas de déterminer l'étiologie de la pathologie », souligne l'anatomopathologiste.
Il doit, par ailleurs, s'accompagner d'un examen de l'interstitium et les cellules de Leydig. « Souvent, ces cellules présentent une hyperplasie parfois micronodulaire pouvant aller jusqu'à un stade de tumeurs de Leydig », précise la spécialiste. Un œdème au niveau de l'interstitium peut également être observé, plus rarement, avec éventuellement un infiltrat inflammatoire dans les cas d'infection. Dans le syndrome de Klinefelter, seule situation où la biopsie permet d'évoquer une étiologie précise, celle-ci présente un aspect très particulier, « avec des micronodules d'hyperplasie à cellules de Leydig et des tubes séminifères quasiment réduits à quelques tubes en involution fibro-hyaline », indique le Dr Ferlicot. Enfin, « il peut exister les lésions associées à des calcifications sur lesquelles il convient de rester particulièrement vigilant puisqu'il peut s'agir de lésions de néoplasies germinales intra-tubulaires », conclut la médecin.
D'après une présentation du Dr Sophie Ferlicot lors du XXXVème congrès de la Société d'andrologie de langue française
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