Unité de soins palliatifs de Roubaix

Troisième mois de grève

Publié le 15/11/2010
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Crédit photo : FL. QUILLE

DE NOTRE CORRESPONDANTE

VOILÀ MAINTENANT 9 semaines que le personnel de l’unité de soins palliatifs de Roubaix est en grève pour protester contre le manque d’effectifs. La réunion de concertation qui s’est tenue mardi dernier à l’hôpital Victor Provo, entre les salariés, la direction et le maire, René Vandierendonck, n’ont pas permis d’esquisser une sortie de crise.

L’unité roubaisienne, qui compte 12 lits, fonctionnait lors de son ouverture avec 16 infirmières, 14 aides-soignantes et 3 agents hospitaliers. Douze ans plus tard, les effectifs ont fondu : 7,6 infirmières, 8,8 aides-soignantes et 1,5 agent. Au point de mettre en péril le service.

À la limite du burn-out.

« Nous ne pouvons plus dispenser des soins de qualité dans ces conditions, déplore une infirmière. Certains soins, comme les bains thérapeutiques ou les massages, ne sont plus pratiqués systématiquement. Les séances de sophrologie réalisées lors des détresses respiratoires sont parfois remplacées par une injection… Et tout le temps d’écoute et de présence lors des crises d’angoisse est réduit. Ce qui remet en question la notion même de soins palliatifs. »

À la limite du burn-out, les salariés de l’unité multiplient les heures supplémentaires pour faire face au manque de personnel : leur total dépasse aujourd’hui 2 200 heures.

En réponse à leur requête, la direction de l’hôpital avance des arguments comptables : selon elle, le service roubaisien n’est pas plus mal loti que ses voisins régionaux. Et dans une dynamique de retour à l’équilibre financier, l’hôpital peut juste s’engager à maintenir les effectifs actuels.

Pour alléger la tâche des soignants, le recours à des bénévoles avait été évoqué un temps par le maire de Roubaix. Lors de la rencontre avec les salariés, il suggérait de faire appel à des élèves de l’Institut de formation en soins infirmiers, dans le cadre de contrats d’apprentissage. Ce qui suscite la colère des soignants : « Il faut de l’expérience et de la maturité pour affronter ce que nous vivons. La confrontation permanente à la mort est lourde et l’accompagnement des familles nous conduit à partager des intimités et des propos très éprouvants. Même avec dix années d’expérience, il nous arrive régulièrement de fondre en larmes. Comment envisager de faire appel à des élèves stagiaires pour ce travail ? », s’insurge une infirmière.

En attendant, l’équipe continue son travail aux côtés des patients, dans des conditions de plus en plus précaires. Les équipes en binômes ne sont plus possibles l’après-midi, faute de personnel. Et les infirmières se retrouvent seules pour gérer à la fois le patient et la famille.

Une situation qui risque malheureusement de se généraliser dans les services de soins palliatifs, avec la politique d’économie menée par le gouvernement et la baisse du budget alloué aux hôpitaux qui en découle.

FLORENCE QUILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8855