L ES dyssomnies sont essentiellement représentées par l'insomnie chronique, le syndrome d'apnée du sommeil, les parasomnies (comportements anormaux au cours du sommeil), les troubles du rythme circadien, les mouvements périodiques des membres inférieurs, la narcolepsie et autres causes plus rares de somnolence diurne.
L'insomnie chronique et le syndrome d'apnées du sommeil sont, comme l'explique le Pr Patrick Lévy (CHU de Grenoble), les pathologies les plus fréquentes. Le syndrome d'apnée du sommeil touche 4 % des hommes et 2 % des femmes entre 30 et 60 ans. Il a pour principales conséquences une somnolence diurne, avec baisse de la vigilance et difficultés de concentration (test de stimulateur de conduite automobile), et des pathologies cardio-vasculaires. Contre-indiquant légalement la conduite automobile en raison des risques évidents, son diagnostic doit être précoce pour permettre la mise en route rapide du traitement.
L'insomnie chronique touche près de 10 % de la population adulte et son coût reste plus difficile à évaluer, puisqu'il cumule les coûts direct (prescription) et indirect (coût social et humain : travail, accidents...). Son expression est variable et recouvre des formes bien particulières en cas de pathologies cardiaques (hypertension artérielle, insuffisance coronaire, troubles du rythme), endocriniennes, neurologiques, etc., et son déterminisme génétique reste à explorer. On assiste donc à une errance médicale des insomniaques qui vont de médecin en médecin sans trouver de réponse adaptée, reflétant la difficulté de son étude et de sa prise en charge, qui nécessitent une approche de l'individu dans sa globalité.
Des idées fausses
Une approche consiste, selon le Pr Charles Morin (université de Laval, Québec), à faire disparaître les attitudes, les croyances et les attentes irréalistes qui génèrent le maintien de l'insomnie. Par exemple, les besoins de sommeil : l'idée qu'il faille absolument huit heures de sommeil pour être performant le lendemain engendre une anxiété qui entretient l'insomnie. Autres croyances : considérée comme une réalité inévitable du vieillissement ou de son déséquilibre hormonal, elle empêche le sujet âgé d'aller consulter et entretient son insomnie ; l'idée qu'une médication n'est jamais indiquée pour rétablir le sommeil va perpétrer l'insomnie ; la sieste peut compenser une insomnie chronique qui, en fait, va l'accentuer. La thérapie cognitive peut être utile. Complexité et variabilité apparaissent dans la sémiologie, l'étiologie et le traitement de l'insomnie. En témoignent trois exemples présentés par le Dr Eric Lainey (hôpital européen Georges-Pompidou, Mutuelle générale de l'éducation nationale).
Trois exemples
Premier cas : un homme de 42 ans présente depuis de nombreuses années des difficultés d'endormissement, un réveil difficile et décalé en l'absence de contraintes et un sommeil continu ; on fait un enregistrement du rythme veille-sommeil par l'actimètre ; diagnostic : « syndrome de retard de phase » ; le traitement repose sur les hypnotiques (zolpidem), la chronothérapie, la vitamine B12 et la photothérapie.
Deuxième cas : une femme de 56 ans présente depuis de nombreuses années des éveils nocturnes, un réveil précoce et un syndrome d'impatience des membres inférieurs, les explorations objectivent un syndrome de mouvements périodiques des membres inférieurs au cours du sommeil ; le traitement repose sur la L-dopa, les agonistes dopaminergiques, le clonazépam et les hypnotiques, comme le zolpidem.
Troisième cas : une jeune femme de 28 ans a des difficultés d'endormissement depuis de nombreuses années, des éveils nocturnes, un réveil précoce, des comportements inappropriés pour lutter contre l'insomnie (lecture, télévision), une anxiété anticipatoire ; dans son enfance, il y a un événement traumatisant. Diagnostic : insomnie chronique. Traitement : programme de gestion du sommeil par des techniques comportementales, cognitives, éducationnelles en séances individuelles ou groupées associées à des hypnotiques comme le zolpidem.
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