Congrès européen de gastroentérologie

Un anti-IL-12/IL-23 prometteur dans la rectocolite hémorragiqu

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Publié le 15/11/2018
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rectocolite hémorragique

rectocolite hémorragique
Crédit photo : PHANIE

Une étude de phase III a été menée chez 961 patients atteints de rectocolite hémorragique (RCH) modérée à sévère, parmi lesquels 51 % étaient en échec à une biothérapie (dont 17 % à un anti-TNF et au vedolizumab). Ils recevaient soit l’ustekinumab (UST) à 130 mg, soit à 6 mg/kg, soit un placebo.

Plus de rémissions et de réponses cliniques

Avec l’ustekinumab, significativement plus de patients ont présenté, à la 8e semaine, une rémission clinique (15,6 % UST 130 vs 15,5 % UST 6 mg/kg vs 5,3 % sous placebo), une cicatrisation endoscopique (26,3 % vs 27 % vs 13,8 %), une réponse clinique (51,3 % vs 61,8 % vs 31,3 %) et une cicatrisation des muqueuses (20,3 % vs 18,4 % vs 8,9 %). « Les résultats confirment que malheureusement on ne guérit pas cette maladie mais ils laissent entrevoir d’autres mécanismes d’action et de nouvelles options thérapeutiques possibles chez ces patients. C’est pour nous beaucoup d’excitation car il faut se rappeler que pendant 20 ans nous n’avions que les anti-TNF dans la RCH », commente le Pr Laurent Peyrin-Biroulet du CHU de Nancy.

Cet inhibiteur des IL-12 et IL-23 a également montré une amélioration de la qualité de vie. De plus, « un de ses gros avantages est sa bonne tolérance à long terme. Il n’entraîne pas d’augmentation du risque d’infections opportunistes et est faisable même en présence de certaines comorbidités comme la sclérose en plaques ou l’insuffisance cardiaque », mentionne le Pr Peyrin-Biroulet d’après son expérience du traitement dans la maladie de Crohn.

Vers une AMM dans la RCH ?

Les résultats de l’étude pourraient aboutir, à l’horizon 2020, à une extension de l’AMM du produit dans la RCH. Cependant, il reste à savoir si son utilisation ne sera pas restreinte à certains patients pour des motifs économiques, comme c’est le cas pour la maladie de Crohn dans laquelle il est déjà homologué…

« L’AMM de l’ustekinumab dans la maladie de Crohn est en première ligne en cas d’échec du traitement standard, comme pour toutes les biothérapies (vedolizumab, tofacitinib), mais le remboursement au niveau national contraint à passer d’abord par les anti-TNF sauf s’ils sont contre-indiqués, explique le Pr Peyrin-Biroulet. La France est en train de prendre du retard par rapport aux autres pays européens. On devrait pouvoir choisir en première ligne le meilleur traitement en fonction des caractéristiques du patient ».

 

D’après l’abstract et la présentation du Pr Sands B. E. lors du congrès United European Gastroenterology Week (UEGW), ainsi que l’interview du Pr Laurent Peyrin-Biroulet, gastroentérologue au CHU de Nancy

Karelle Goutorbe

Source : Le Quotidien du médecin: 9702