Maladie auto-immune, dont les origines restent à ce jour mal connues, le vitiligo touche environ 1% de la population, entre 900 000 et 1,2 million de personnes en France. Elle se caractérise par l’apparition, sous forme de poussées, de plaques blanches dépigmentées sur la peau, indolores et non contagieuses
À l’heure actuelle, les traitements disponibles pour traiter le vitiligo, la thérapie par rayons UVB, les dermocorticoïdes de classe 3, restent insastifaisants.
Déjà en 2014, l’équipe du Pr King déjà avait ouvert une nouvelle piste thérapeutique en démontrant l’efficacité du tofacitinib, un inhibiteur de Janus Kinase (JAK) régulièrement prescrit dans la polyarthrite rhumatoïde, pour traiter la perte de cheveux associées à une autre maladie auto-immune, la pelade (ou alopécie areata).
La pelade et le vitiligo ont des facteurs de risque génétiques en commun, ces deux maladies se ressemblent au niveau physiopathologique et les deux maladies peuvent apparaître de manière concomitante chez les patients. Fort de ce constat, l’équipe de Yale a donc émis l’hypothèse que le tofacitini pourrait également être efficace dans le vitiligo.
Pour ce faire, les dermatologues ont administré le tofacitinib, par voie orale, à une patiente de 53 ans atteinte de vitiligo, dont les tâches envahissaient progressivement le visage, les mains et le corps depuis un an. Après 5 mois de traitement les plaques dépigmentées du visage et des mains avaient quasiment entièrement disparu. La patiente n’aurait signalé aucun effet secondaire. Même s’il ne s’agit que d’un cas, les résultats sont néanmoins sans précédent.
Une classification nécessaire
Les résultats de cette étude ont entraîné des réactions très enthousiastes parmi les spécialistes. Le Pr Khaled Ezzedine, qui suit à ce jour une cohorte de plus de 1 500 patients à Bordeaux se dit « vraiment très impressionné par les résultats de l’étude de Yale ». Pour ce dernier, deux choses sont particulièrement importantes : l’arrêt de l’évolution de la maladie et le fait que la repigmentation ait été possible, notamment au niveau des mains, zone très difficile à repigmenter. « C’est d’ailleurs en général ce que nous expliquons à nos patients », précise le Pr Ezzedine. Néanmoins, le praticien n’est pas étonné par l’utilisation de l’antiarthritique, car l’implication des cytokines dans la pathogénèse a récemment été mise en évidence. « En fait, ajoute le Pr Ezzedine, avec mon équipe nous avions pensé au tofacinitib, mais apparemment nous avons été devancés ! Notre idée, par contre, était d’utiliser le traitement par voie topique ».
Pour le Pr Ezzedine, ces résultats amènent de nouvelles questions, notamment pour tenter de savoir si ce traitement sera efficace chez tous les patients. « Nous pensons que cela ne le sera peut-être pas pour tous les types de vitiligos, car c’est probablement plus complexe », suggère-t-il. Dans cette étude, la patiente était en poussée inflammatoire très forte et il est probable que le traitement soit plus efficace dans ce cas. « Nous en sommes au début de l’exploration de la voie cytokinique dans le vitiligo. Il faut d’abord classifier les vitiligos au niveau clinique, puis observer le profil cytokinique de chacun », conclut-il.
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