Un cas de démence sur trois pourrait être évité

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Publié le 20/07/2017

La première commission du « Lancet » sur la prévention et la prise en charge de la démence a identifié les paramètres sur lesquels il est possible d’agir pour réduire le risque de démence. L’étude, présentée lors de la conférence internationale de l’association Alzheimer (AAIC) qui s’est tenue à Londres, a aussi été publiée dans « The Lancet ». Elle évalue en particulier le bénéfice qu’il y aurait à annuler chacun des facteurs de risque pris en compte, et présente dix objectifs pour améliorer la prise en charge.

Les 24 experts impliqués dans cette étude ont identifié neuf facteurs de risque modifiables. Les éliminer tous permettrait de prévenir 35 % des cas de démence (même si cela ne signifie pas que toute démence est évitable). La démence débute tard dans la vie mais les modifications cérébrales commencent des années plus tôt et certains paramètres sont à prendre en compte dès l’enfance, rappellent les experts.

De la scolarisation aux aides auditives

L'étude précise les facteurs de risque qu’il serait important de modifier aux trois âges de la vie : l’enfance, entre 45 et 65 ans, et enfin après 65 ans. Pendant l’enfance, la scolarisation jusqu’à l’âge de 15 ans permettrait ainsi de réduire le risque de démence de 8 %. À l’âge adulte, les experts pointent la perte d’audition (9 % de nouveaux cas en moins si ce risque est éliminé), l’hypertension artérielle (2 % en moins), et l’obésité (1 % en moins). Et après 65 ans, les facteurs qu’il faudrait éviter sont le tabagisme (5 % de nouveaux cas en moins si ce risque est éliminé), la dépression (4 % en moins), le manque d’activité physique (3 % en moins), l’isolement social (2 % en moins) et le diabète (1 % en moins). L’étude pointe qu’en parallèle, cibler le principal facteur de risque génétique (apolipoprotéine epsilon 4) préviendrait seulement 7 % des cas, donc moins que la scolarisation jusqu’au secondaire.

Différentes raisons expliquent l’intérêt de jouer sur ces paramètres pour prévenir la démence : faire des études jusqu’à 15 ans permet ainsi de renforcer la réserve cognitive, éviter le tabagisme limite l’exposition aux neurotoxines et améliore la santé cardiovasculaire (qui affecte la santé cérébrale), et conserver une bonne audition permet aussi de garder un environnement riche d’un point de vue cognitif ainsi qu’une réserve cognitive. Les auteurs soulignent cependant qu’une perte d’audition peut aussi provoquer isolement et dépression, de possibles facteurs confondants de la démence. Ils signalent aussi que certains facteurs n’ont pas été pris en compte dans cette étude, en particulier l’alimentation, la consommation d’alcool, ou encore le sommeil.

Répondre à un risque en augmentation

Quelque 47 millions de personnes dans le monde vivent avec une démence (un chiffre qui devrait tripler d’ici à 2050). Les experts de cette commission du « Lancet » ont présenté 10 messages clés pour mieux comprendre, et prendre en charge cette pathologie. Il s’agit en particulier d’être ambitieux au niveau préventif, de traiter les symptômes cognitifs (par des inhibiteurs de cholinestérase et de la mémantine – en cas de démence sévère pour cette dernière) et neuropsychiatriques, d’individualiser la prise en charge, et de ne pas esquiver la question de la fin de vie. De plus, soulignent-ils, les aidants doivent être soutenus, et les personnes démentes, particulièrement vulnérables, doivent être protégées. Ils précisent enfin que si sa juste place doit être donnée à la technologie, celle-ci ne dit pas remplacer le lien social.


Source : lequotidiendumedecin.fr