U N tapis carré rouge et blanc, quatre chaises, deux portants à vêtements, une petite table de bois, un guéridon sur lequel sont accrochés des chapeaux, un bouquet de fleurs dans un coin. Il n'en faut pas plus à Peter Brook pour nous raconter l'histoire de Matilda, que son mari Philémon punira cruellement parce qu'elle l'a trompé, l'histoire de Maphikela, Joe et leurs amis, cette histoire terrible et tendre qui se passe en Afrique du Sud, il y a pas mal de temps. Avec ces quelques éléments Brook nous transporte d'un lieu à l'autre, fait passer les personnages de l'intérieur à l'extérieur, avec une facilité merveilleuse.
Lors de la création de ce spectacle, la saison dernière, nous avions salué sa simplicité lumineuse, cette enfance de l'art qui est celle même de Peter Brook. Aujourd'hui, avec une distribution différente, le spectacle se moire d'autres tons, les équilibres changent.
Le texte, écrit par le poète sud africain Can Themba, mort dans la misère il y a bien des années, a été adapté par Mothobi Mutlaotse et Barney Simon. C'est Marie-Hélène Estienne qui en signe la version française.
Il y a dans « Le Costume » une construction narrative très élaborée, les « narrateurs » se succèdent en un mouvement souple et fluide. Premier conteur, Maphikela incarné par le grand et noble Sotigui Kouyaté. Puis vient le tour de Philémon, le mari infortuné, Hubert Koundé, qui a bien du mal à jouer les méchants. Ce glissement donne sa dynamique au texte. Dans le rôle de la trop sensuelle Matilda, Tanya Moodie déploie bien du charme et Cyril Guei est un amusant Joe. Tout ici est donné sous le signe d'une précarité enchantée et un portemanteau peut devenir téléphone comme un homme jouer les femmes, naturellement.
Sotigui Kouyaté, comme toujours, impose sa personnalité ferme et sa sensibilité. Ses camarades sont un peu effacés à côté de lui, plus maladroits, et les parties chantées semblent parfois artificielles, moins bien intégrées qu'au moment de la création. Il y a comme un charme qui se serait dissipé. Reste un moment de pur théâtre, simple, franc, amical.
Théâtre des Bouffes du Nord (01.46.07.34.50), à 20 h 30, du mardi au samedi et en matinée le samedi à 16 h 00. Durée : 1 h 15 sans entracte. Jusqu'au 26 mai. Restauration au Café-restaurant des Bouffes du Nord (01.46.07.73.73).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature