Si le projet médical de l'Hôpital Nord est toujours en cours d'élaboration, un détail a suffi à provoquer le courroux des anesthésistes-réanimateurs.
Favorable au développement des nouveaux métiers de santé, l'AP-HP veut faire de l'Hôpital Nord son laboratoire de pratiques d'avant-garde.
« Le campus [hospitalo-universitaire] appliquera les délégations de tâches dont l’efficacité est démontrée », lit-on dans l'ébauche de projet médical.
L'AP-HP s'attarde surtout sur les nouvelles compétences des infirmières de bloc opératoire (IBODE) : consultations préopératoires, scopies, échographie, bilan clinique du patient, dosimétrie.
Le document liste aussi les nouvelles pratiques des infirmières anesthésistes (IADE) : pose de dispositifs intraveineux de longue durée, interventions sur patients sains en bonne santé (dit ASA1).
Ubérisation de la spécialité
Défavorables aux délégations de tâches, les anesthésistes-réanimateurs du SNPHAR-E alertent sur le risque de « franchissement de lignes rouges ». Selon le syndicat, aucune étude à ce jour n'a démontré une quelconque efficacité de la délégation de ces tâches.
Médecin à l'Hôpital européen Georges-Pompidou et membre de la commission médicale d'établissement de l'AP-HP et du SNPHAR-E, le Dr Patrick Dassier a dénoncé cette « ubérisation de l'anesthésie » devant le directeur général Martin Hirsch, lors de la dernière réunion de la CME, début février. « On m'a répondu que la délégation de tâches était dans l'air du temps, que c'était une évolution inéluctable, précise-t-il au « Quotidien », peu convaincu. J'y vois surtout un bénéfice pour le directeur et la Sécu en termes de coût plutôt que pour le patient ! »
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