Un nouvel enseignement universitaire

Un DIU pour le sport de haut niveau

Publié le 08/11/2005
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LES DÉPLACEMENTS de sportifs de haut niveau, relativement fréquents, ne sont pas de tout repos. « Dès que l'équipe se déplace, explique le Dr Bruno Sesboüe (CHU de Caen), les problèmes de traumatologie et les problèmes médicaux sont plus compliqués. » On se retrouve dans un endroit qu'on ne connaît pas et « il faut apprendre à gérer très vite les problèmes, faire état des moyens disponibles ». Un simple claquage musculaire que « n'importe quel médecin du sport sait a priori traiter dans son cabinet de ville » peut prendre d'autres proportions si l'on est à l'étranger, loin des structures sanitaires (les logements des sportifs sont souvent excentrés) et soumis aux contraintes de la compétition : contrôle antidopage, pression médiatique, barrière de la langue, demandes de l'entraîneur, stress du sportif, etc. « Cela engage complètement la responsabilité du médecin et les assurances sont très peu à vouloir courir ce risque », explique le Dr Sesboüe. Rien d'étonnant donc à ce que le recrutement soit compliqué.
« Nous avons de plus en plus de difficultés à trouver des médecins et des kinésithérapeutes compétents pour encadrer des équipes nationales », confirme le Dr Vincent Cavelier, médecin directeur national de la Fédération française de basket-ball (Ffbb). Ce dernier, pour trouver la perle rare, a donc eu l'idée de faire le tour des formations spécialisées dans ce domaine : il n'en a pas trouvé. Avec un ami, il se tourne donc vers les universités qu'ils fréquentent, Caen et Saint-Etienne, et propose de mettre en place un diplôme interuniversitaire (DIU) « Formation des professionnels de la santé intervenant dans les milieux sportifs professionnels de haut niveau ». « Les formations en médecine du sport, kiné du sport, existent déjà, explique le Dr Sesboüe, ce n'est pas le but. » Il s'agit en fait de former des professionnels à une prise en charge transversale dans des conditions d'exercice très particulières.

L'accent sur la pratique.
Concrètement, les premiers cours du DIU démarreront en janvier 2005 selon un système de sessions de deux ou trois jours par trimestre, soit, au total, 110 heures de cours environ sur deux ans. La formation comprendra les modules suivants : traumatologie, médecine, pharmacologie, diététique, préparation physique, psychologie, sociologie, gestion des déplacements, législation et assurances. Les enseignants sont issus de divers univers (médecine du sport, kinésithérapie, mais aussi psychiatrie ou encore économie, etc.) et l'accent est mis sur les connaissances de terrain, puisqu'il s'agit de former des cadres immédiatement opérationnels. « On espère avoir aussi une formation à distance par Internet », explique le Dr Jean-Claude Chatard (CHU de Saint-Etienne), champion de natation à ses heures. Les examens seront sous forme rédactionnelle, « mais à partir de questions de réflexion terrain », précise le Dr Chatard. « Par exemple, quel traitement donner à un sportif hypertendu dans le cadre d'un déplacement ? », considérant qu'il faut penser à la réglementation, au dopage, au stress, aux complications possibles, mais aussi au décalage horaire, etc. Bien que les cours soient communs, les questions techniques relevant du soin pourront être différentes selon que l'on est médecin ou kiné, par exemple.
Si ce diplôme interuniversitaire est ouvert à tous, c'est parce que, « sur la gestion de l'équipe, explique le Dr Cavelier, la spécificité importe peu ». Beaucoup d'équipes partent à l'étranger en étant encadrées par un kinésithérapeute, les médecins étant plus réservés aux « équipes internationales ». Surtout, les promoteurs du DIU souhaitent avant tout dispenser « un enseignement pratique et pas un enseignement académique ».

Pour s'inscrire

Le dossier de candidature devra contenir un CV et une lettre de motivation. Une vingtaine de candidats seront retenus. Le DIU s'adresse à tous les professionnels de santé « concernés par le sujet », en particulier médecins, internes, kinésithérapeutes. Les professionnels déjà engagés dans le domaine du sport de haut niveau seront privilégiés.
Les droits d'inscription s'élèvent à 500 euros par an. Les inscriptions doivent être faites rapidement pour respecter le calendrier des universités
>>>Renseignements : Dr Jean-Claude Chatard, chatard@univ-st-etienne.fr, tél. 04.77.12.72.34 ; Dr Bruno Sesboüe, sesboue-b@chu-caen.fr, tél. 02.31.06.45.33.

> FLAVIE BAUDRIER

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7839