Un droit à la vie sexuelle

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Publié le 29/10/2018
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Longévité et émancipation obligent, la santé sexuelle des femmes est désormais une préoccupation aussi au moment de la ménopause. Le médecin ne peut négliger cet aspect ; il s’agit d’ailleurs d’un droit humain essentiel (OMS 2011).

Le syndrome urogénital de la ménopause (SGUM) a remplacé « l’atrophie vulvovaginale », en intégrant à la fois les symptômes vulvovaginaux, urinaires, pelviens (infection urinaire, prolapsus) et sexuels (NAMS 2014). Ces troubles peuvent s’associer, mais non obligatoirement, avec un syndrome climatérique. Et, contrairement, à celui-ci qui s’atténue avec le temps, le SGUM voit croître sa prévalence au fur et à mesure des années. 27 % des femmes seraient concernées.

Le SGUM est responsable d’une altération notable de la qualité de vie (étude Revive 2015). Le sujet est encore tabou : 61 % des femmes le cachent à leur partenaire, et près de 30 % ont attendu plus d’un an pour en parler à leur médecin, ce qui doit inciter à interroger les patientes.

Carence œstrogénique

C’est la carence œstrogénique qui en est la cause. Elle agit en amincissant la muqueuse vulvovaginale. La perte d’élasticité et l’atrophie liée à la disparition progressive des couches superficielles et intermédiaires sont la cause de la gêne, des brûlures, des démangeaisons et des dyspareunies, plutôt orificielles. La symptomatologie et le délai d’apparition varient selon les patientes.

En outre, le microbiote vaginal se modifie, le milieu s’alcalinise avec la diminution de L. acidophilus, jusqu’à 100 fois moins présent en périménopause, et du glycogène.

Sortir de la fatalité

De nombreuses options thérapeutiques existent, presque toutes disponibles en France. Le maintien d’une activité sexuelle est important, le tabac à proscrire. La prise en charge doit associer les traitements hormonaux et lubrifiants ou hydratants. La rééquilibration du milieu par des probiotiques est indispensable.

Concernant le traitement hormonal, la comparaison de 19 études (Cochrane 2006) n’avait pas montré de différence d’efficacité des différents traitements locaux sur les signes d’atrophie vulvovaginale. Il faudra préférer cette voie (recommandations IMS-2016 et NAMS-2017), la voie orale n’ayant pas d’efficacité sur ces symptômes. De nombreux produits sont sur le marché, à base d’œstradiol ou promestriène, en crème, ovule, ou anneau vaginal. Des ovules à la DHEA devraient arriver sur le marché.

La rééducation pelvienne peut être envisagée chez les patientes souffrant d’incontinence urinaire d’effort. Des techniques telles que le laser ou les injections locales d’acide hyaluronique sont aussi proposées. L’association de ces prises en charge peut donner de bons résultats (Capobianco 2014).

Session « La quarantaine et le gynéco »

Dr L. M.-S.

Source : Le Quotidien du médecin: 9698