COMPARÉS aux électrons et aux photons de la radiothérapie classique, les protons possèdent principalement deux avantages. Tout d’abord, ils libèrent toute leur énergie à une profondeur donnée, calculée en fonction de l’énergie initiale, avant de s’arrêter net, ensuite, ils se dispersent peu le long de leur trajectoire. Ces deux avantages contribuent à la protection des tissus sains voisins. Ils permettent le traitement de tumeurs situées dans des régions proches d’organes sensibles ainsi que l’utilisation de doses plus importantes, le tout, en diminuant le risque de complications et de second cancer.
La protonthérapie nécessite l’utilisation d’un accélérateur de particules. Le nouveau cyclotron dont dispose l’Institut Curie produit, à partir d’un plasma d’hydrogène, des particules ionisées puis accélérées par un champ électrique et soumises à un champ magnétique intense permettant d’augmenter considérablement leur vitesse. À la sortie de la machine, les protons sont transportés sous vide jusqu’aux salles de traitement. Le matériel est lourd, expliquant le petit nombre de centres en fonction. Il en existe deux en France, celui qui vient d’ouvrir à l’Institut Curie, à Orsay, et le centre Antoine-Lacassagne à Nice, ainsi qu’une quinzaine en Europe et une trentaine dans le monde.
Le mélanome de l’œil reste la première indication de la protonthérapie chez l’adulte. Cette tumeur agressive est ainsi contrôlée dans 96 % des cas, avec conservation d’une vision satisfaisante dans 90 % des cas. Mais c’est surtout l’enfant qui tirera le grand bénéficiaire de ce nouveau centre, puisqu’il s’agit de la seule unité en France pour les indications pédiatriques.
Une précision millimétrique.
En effet, le nouvel accélérateur de protons et la création d’une troisième salle de traitement équipée d’un bras isocentrique vont permettre d’élargir les indications et d’augmenter le nombre d’enfants traités, passant de 30 à 150 enfants par an. Le bras isocentrique, d’un diamètre de 10 mètres, permet d’orienter le faisceau (qui peut tourner à 360 degrés autour du patient) dans l’exacte direction de la tumeur, avec une précision millimétrique. Le pied de la table est lui-même articulé dans 3 directions, positionnant au mieux le patient. Cette précision est particulièrement utile chez les jeunes enfants pour les tumeurs profondes. De nouvelles applications thérapeutiques sont désormais possibles avec pour objectif essentiel une sensible amélioration des conditions de vie à très long terme, sans récidive et sans séquelle thérapeutique. À l’horizon 2014, 300 enfants pourront bénéficier de ce traitement et une quatrième salle de traitement pourrait être installée.
L’organisation du nouveau centre a été pensée pour rendre le séjour agréable : mobilier et architecture, accueil, proposition d’une consultation paramédicale supplémentaire contribuent à la sérénité des patients.
Différents projets de recherche sont en cours en partenariat, notamment pour alléger la structure productrice de protons en utilisant le laser, ce qui réduirait sensiblement les coûts, permettant de traiter 10 % des patients relevant de la radiothérapie contre 1 pour mille aujourd’hui.
Conférence de Presse, en présence des Drs Rémi Dendale, oncologue radiothérapeute responsable du Centre de Protonthérapie, et Sylvie Helfre oncologue radiothérapeute à l’Institut Curie.
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