Si « Le Généraliste » était paru en avril 1904

Une infirmerie indigène à Alger

Par
Publié le 30/04/2016
Histoire

Histoire



La clinique indigène fondée à Alger par Mme Léger, docteur en médecine, sous les auspices de M. Jonnart, prend de plus en plus d'extension et obtient le meilleur succès auprès de la population arabe. Aussi bien, l'œuvre répondait à un besoin impérieux. Les femmes arabes, qui ont conservé l'habitude de vivre à part, ne peuvent recevoir les soins du médecin et tombent, le plus souvent, entre les mains de dangereuses empiriques.

Désormais, elles pourront trouver à la clinique de Mme Léger les soins d'une femme éclairée tout en restant dans les conditions de leur vie habituelle. La clinique a été organisée, en effet, pour attirer l'indigène ; tout y est approprié à sa vie, à ses mœurs. Aux jours de visite, l'entrée n'est permise qu'aux femmes et les maris peuvent être assurés que nul homme ne pénètre dans les salles de malades. La nourriture est composée suivant les recettes de la cuisine arabe. Les croyances, les traditions y sont scrupuleusement respectées.

Secondée par deux élèves sages-femmes et deux infirmières indigènes, Mme Léger visite quotidiennement ses pensionnaires et donne des consultations : elles sont nombreuses.

La clinique rend ainsi les plus grands services. Installée dans la kasbah, en pleine ville arabe, elle a pu donner toute confiance à la population indigène Ce ne fut pas cependant sans quelques difficultés au début. Des fables circulaient dans la ville au sujet de la nourriture et de l'accueil que les malades trouveraient à la clinique. Mais Mme Léger, à l'occasion de consultations, a trouvé le moyen, petit à petit, de faire visiter son établissement de la cave à la terrasse et de calmer les appréhensions. Dès lors, les malades ont afflué et la clinique est maintenant trop petite pour les demandes d'hospitalisation.

Les indigènes apprécient pleinement cette fondation, assidûment encouragée par M. Jonnart ; ils savent à qui ils la doivent, ils en reconnaissent les heureux avantages et l'empressement de celles qui viennent se faire soigner, comme les regrets qu'elles expriment au sortir de l'infirmerie, sont le meilleur hommage rendu à la femme admirable qui, après avoir présidé à l'organisation de cette œuvre éminemment humanitaire, en poursuit le développement avec un inlassable dévouement.

La consultation gratuite, pour femmes et enfants indigènes, organisée à Alger par M. Jonnart, est suivie chaque jour par plus de cent vingt malades.

Le gouverneur général, en présence du succès des infirmeries indigènes pour femmes, se propose de les multiplier.

Les infirmeries pour hommes, organisées par ses soins, dans les trois départements algériens, fonctionnent également dans les conditions les plus satisfaisantes. Les municipalités apportent maintenant leur concours empressé.

(« La Gazette médicale de Paris », d'après « Le Temps », 1904)


Source : lequotidiendumedecin.fr