Détection fine des anomalies

Une nouvelle IRM de moelle marque une étape dans la SLA

Publié le 10/09/2012
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Crédit photo : DR

LA RECHERCHE sur les biomarqueurs représente une part importante des travaux menés dans les maladies neurodégénératives. Dans la SLA, les biomarqueurs ont un intérêt évident pour le diagnostic de la maladie qui reste difficile, le suivi des patients et les biomarqueurs de substitution sont utiles pour les essais thérapeutiques. Les signes observés à l’imagerie IRM font partie des biomarqueurs. La technique d’IRM du tenseur de diffusion est fondée sur un déplacement des molécules d’eau. Spontanément, l’eau diffuse dans toutes les directions (dans le LCR par exemple). Dans les tissus nerveux, elle diffuse selon un mode spécifique en fonction des structures présentes. On mesure le paramètre de diffusion le long des fibres nerveuses. En fonction de la progression de la maladie, les fibres disparaissent et l’imagerie de tenseur de diffusion permet d’enregistrer ces modifications pathologiques.

La notion est connue depuis une dizaine d’années à l’étage cérébral. C’est plus difficile à réaliser au niveau de la moelle épinière. D’abord pour une question de taille : la moelle épinière fait 1 cm de diamètre. Ensuite à cause des mouvements physiologiques : elle bouge à la respiration. Et puis elle est placée dans une région très « artéfactée » (os).

Tenseur de diffusion.

« Nous avons optimisé la technique du tenseur de diffusion pour que cela soit réalisable au niveau de la moelle épinière », explique au « Quotidien » le Dr Pierre-François Pradat. Des IRM à haut champ (3 tesla) sont maintenant disponibles, comme à l’Institut cerveau-moelle à l’hôpital de la Salpêtrière. On synchronise les séquences IRM sur les mouvements respiratoires (« gating »). En réalisant l’imagerie chez des sujets souffrant de SLA, on montre plus finement des anomalies.

L’étude rapporte des résultats chez 29 patients comparés à 21 témoins. Une atrophie locale de la moelle épinière est associée aux déficits dans le territoire correspondant (par exemple au niveau de C5, avec une atteinte du deltoïde, de C8 avec les muscles de la main). « Il est important de constater que les anomalies sont très corrélées aux déficits cliniques. » Le niveau d’atrophie corrélé au muscle correspondant peut être utilisé en tant que biomarqueur pour suivre l’évolution de la maladie ou les effets d’un traitement dans un essai thérapeutique.

Par ailleurs, l’IRM du tenseur de diffusion révèle des implications de voies sensitives cliniquement muettes, visibles à un stade précoce de la maladie, et dont on ne connaît pas la signification.

Au total, cette technique plus performante d’imagerie de la moelle épinière apparaît prometteuse pour le diagnostic de la SLA, le suivi de la maladie et les essais thérapeutiques.

Pierre-François Pradat, Habib Benali, Stéphane Lehéricy et coll. dans « Amyotrophic Lateral Sclerosis », 12 août 2012.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9154