VOS MALADES ONT LU
« Pour la science », avril
Comment expliquer l'étonnante dégénérescence du chromosome Y, devenu minuscule et porteur de quelques pauvres dizaines de gènes, quand son homologue de départ, le chromosome X, gardait sa taille et ses 2 000 à 3 000 gènes tout au long de l'évolution du vivant ? Il est vrai que le petit chromosome en question porte des gènes qui « n'ont pas d'équivalent sur le chromosome X » et que, « malgré une apparence modeste, (il) a des fonctions biologiques essentielles pour la survie de l'espèce ». Des chercheurs américains racontent les « accidents » successifs qui pourraient expliquer la surprenante dysharmonie actuelle entre les chromosomes X et Y, à l'origine appariés. Une telle analyse aboutit même à la conclusion que « la disparition totale du chromosome Y reste théoriquement possible » sans pour autant entraîner la disparition des espèces qui en sont pourvus aujourd'hui. En attendant ce jour hypothétique, et vraisemblablement lointain si l'on se réfère à l'échelon des vies individuelles, d'autres chercheurs font dire au chromosome Y toutes sortes de choses intéressantes sur l'histoire de l'humanité depuis son apparition sur terre.
L'incontournable observation
« Le Journal des professionnels de l'enfance », mars-avril
« L'observation apparaît comme un dénominateur commun » à toutes les professions de l'enfance, selon un modèle « dit scientifique », hérité « des préceptes de la médecine expérimentale de Claude Bernard ». Rien donc qui puisse étonner les médecins. Et pourtant, le passage par d'autres professions de l'enfance, éducateurs spécialisés, psychologues, sociologues, ethnologues, anthropologues, transforme singulièrement l'aspect et la signification de cette incontournable observation. Si certains d'entre eux s'attachent à la définir, à la formaliser pour en tirer le meilleur parti, elle sort des regards diversifiés proposés par « le Journal des professionnels de l'enfance », pour le moins bien difficile à réaliser, bien délicate à utiliser, voire pleine de dangers.
Certes, elle soulève le vieux problème de l'objectif et du subjectif, repris sur différents tons par divers intervenants. Mais elle peut aussi conduire à voir sans entendre ou sans écouter, expliquent respectivement une psychanalyste et un psychanalyste-musicothérapeute. Elle peut encore piéger les professionnels de l'enfance dans une double contrainte, entre deux logiques contradictoires, celle de l'individuel et du collectif, de l'intime et de l'objectivé, souligne un docteur en sciences sociales. Ce qui, de l'aveu des coordonnateurs du dossier, ne délivre pas les professionnels de l'enfance de la nécessité de l'objectivation et laisse vivre l'observation comme « fondatrice pour les métiers de l'accompagnement ». Notons au passage que le seul article signé d'un médecin est celui d'un ophtalmologiste qui traite le regard en observateur attentif et en étymologiste averti.
Ça va, ça va
« Le Nouvel Observateur », 19 avril
Ce n'est jamais qu'un service de psychiatrie parmi tant d'autres ; et le pseudo-fou qui s'y sera laissé enfermer n'y aura jamais passé que quatre jours. Il y a cependant fallu de la détermination et du courage. En effet, aucun service de psychiatrie n'a accepté d'accueillir le journaliste du « Nouvel Observateur », décidé à « partager la vie des internés » pour raconter ensuite « de l'intérieur le monde de l'asile », et il lui a fallu demander l'hospitalisation pour dépression. Surtout, même pour quatre jours, l'expérience manque singulièrement d'agrément : « guerre des décibels » du matin au soir, portes et fenêtres fermées à clé, hospitalisés d'office ou à la demande d'un tiers demandant sans cesse à sortir, ennui et inactivité permanents, repas - corrects au demeurant - engloutis en vingt minutes, obligation de demander la permission pour tout et n'importe quoi, pouvoir démesuré des infirmiers, absence d'intimité, attente souvent désespérée des visites, et... interdiction de dire que ça ne va pas. On gage que le journaliste n'aura pas eu de regret en quittant ce « système infantilisant » que le ministre de la Santé voudrait démanteler : l'hebdomadaire a quelques doutes, considérant que « La forteresse psychiatrique » dénoncée par l'infirmier psychiatrique Philippe Clément « en a vu d'autres ».
L'une des pires maladies du monde
« Sciences et Vie junior », mai
On parle moins, beaucoup moins, de la maladie du sommeil que du SIDA ou du paludisme, tueurs patentés, spécialement en Afrique. « Science et Vie junior » révèle à ses lecteurs qu'il est une autre maladie qui, dans certaines régions de cette même Afrique, « fait plus de morts que le SIDA ou le paludisme ». La maladie du sommeil, puisqu'il s'agit d'elle, a un territoire « plus vaste que l'Europe de Dublin à Moscou » et elle est particulièrement sournoise : les signes cliniques surviennent des mois, voire des années, après la piqûre de la mouche tsé-tsé et aboutissent inéluctablement à la mort en l'absence de traitement. Or, plusieurs obstacles se dressent entre les éventuelles victimes de la maladie et ledit traitement : côté prévention, les pièges à mouches ne peuvent être installés en quantité suffisante et sont inefficaces dans certaines zones. Le traitement curatif, lui, fut longtemps lourd d'effets secondaires et la fabrication de l'éflornithine, moins dangereuse que le vieux mélarsoprol, a été longtemps suspendue pour cause d'absence de rentabilité, jusqu'à ce que ses vertus dépilatoires, agréables aux femmes occidentales, fussent découvertes. Reste aujourd'hui à en faire profiter les populations concernées, ce qui supposerait que « l'humanitaire soit plus fort que la guerre ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature