Si « Le Généraliste » était paru en 1911

Une pratique peu hygiénique propre à vous dégoûter des raisins de Corinthe

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Publié le 22/08/2017
histoire

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Les manipulations auxquelles sont soumis les raisins en Orient avant l’expédition sont des plus simples. Après avoir été passées dans des solutions de potasse, les grappes sont simplement séchées au soleil ; depuis quelques années, le public étant devenu plus exigeant, on procède à l’égrappage avant de les expédier par le monde.

Cette innovation facilite beaucoup la tâche des pâtissiers, mais elle présente quelques inconvénients au point de vue de l’hygiène. L’opération s’effectue dans de grandes pièces où travaillent – séparément – des femmes grecques et des femmes turques, vieilles pour la plupart ; la plus grande liberté leur est laissée quant au procédé à employer, et il y a différentes écoles. Tandis que certaines se servent de leurs ongles, la plupart emploient les dents, ou du moins ce qui leur en reste, à cet usage, soit qu’elles pincent la tige dans la bouche et gardent les graines dans la main, soit, au contraire, qu’elles prennent les grains par le pédoncule, et les engloutissent momentanément dans la cavité buccale, pour les cracher ensuite dans leur tablier ! Il paraît que c’est ce dernier procédé qui donne le maximum de rapidité et de bénéfice, les ouvrières étant payées aux pièces. Mais  - ô rançon du progrès ! - il ne va pas sans inconvénients, la potasse dont sont enduits les grains pouvant déterminer des stomatites et des gingivites fort pénibles.

J’avoue que, d’avoir appris ce procédé, m’a un peu refroidi au sujet du plum-cake ! J’ai pris en grande pitié la muqueuse buccale des femmes turques et hellènes, et j’ai prié ma cuisinière de laver avec le plus grand soin les raisins de Corinthe, quand elle aurait l’occasion d’en employer, ce que je l’ai prié de ne pas faire de sitôt.

(Dr J. Gardan, Revue de thérapeutique médico-chirurgicale, repris dans la Chronique médicale, 1911)


Source : lequotidiendumedecin.fr